Agriculteurs et motoneigistes : cohabitation délicate

Par Renaud Cyr 6:00 PM - 16 janvier 2024
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Certains problèmes de cohabitation entre les agriculteurs qui autorisent le passage sur leurs exploitations agricoles continuent d’être soulevés d’année en année dont les bris de barrières, qui ont été constatés à Sacré-Cœur plus tôt en saison.

Yves Laurencelle, président de la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Capitale-Nationale–Côte-Nord et agriculteur de métier à Longue-Rive, s’estime heureux de ne pas avoir de bris sur ses exploitations.

« De mon côté, à Longue-Rive, je n’ai pas de problème, mais il y a quelques cas aux Bergeronnes et à Sacré-Cœur », indique-t-il.

Jean-Sébastien Boucher, président du club Les Rôdeurs de Sacré-Cœur, indique que des barrières avaient été coupées en début de saison l’an dernier par des motoneigistes qui sont passés sur des terrains agricoles à Sacré-Cœur.

« C’est vraiment fréquent, et on essaie de conscientiser le plus de motoneigistes possible à ce sujet », assure-t-il.

Pour sa part, Jimmy Boulianne, le vice-président du Club des Bouleaux Blancs des Escoumins observe qu’il n’y a pas ce genre de problématique avec les droits de passage aux Escoumins.

« Depuis quelques années, la FCMQ et tous les clubs se sont mis ensemble pour faire de la sensibilisation pour les motoneigistes hors des balises qui brisaient les repousses », remarque-t-il.

« Quand tu rentres dans ton profil sur la page web de la FCMQ, la première affaire qui t’apparaît, c’est un vidéo de sensibilisation à ce sujet-là », fait-il savoir.

Droits de passage : un privilège

Les producteurs agricoles, à qui les clubs réclament des droits de passage sur leurs terres, sont les grands perdants lorsqu’une minorité de motoneigistes fautifs décident de s’aventurer hors des sentiers balisés.

« Ils reçoivent zéro », se désole Yves Laurencelle.

« C’est vraiment une contribution volontaire des producteurs qui acceptent de perdre une bande pour que les motoneigistes du club passent, mais les motoneigistes ne respectent pas ça », poursuit le président de la Fédération de l’UPA Capitale-Nationale–Côte-Nord.

Le président du club Les Rodeurs est conscient de la chance de faire transiter les sentiers chez les particuliers, sans quoi la circulation serait plus compliquée.

« C’est vraiment un privilège que les agriculteurs nous prêtent leurs terres pour passer le sentier chez eux », explique-t-il.

« Sur 100 motoneigistes qui passent, ça en prend juste 1 qui sort des sentiers battus et on ne parle que de lui. C’est cette minorité-là qui fait mal à l’industrie », ajoute-t-il du même souffle.

Bris des exploitations

Lorsqu’une motoneige entre dans un champ agricole, son poids tape et compacte la neige qui ensuite gèle.

« Quand la neige se dépose sur le sol, elle devient isolante. Quand elle est tapée, elle gèle et descend geler les bourgeons et endommage les repousses », illustre Yves Laurencelle.

« Il y a un manque de respect flagrant des motoneigistes envers les terres agricoles », se désole-t-il.

L’agriculteur dénote aussi une nouvelle problématique liée à la puissance des motoneiges de montagne.

« Les motoneigistes qui veulent faire du hors-piste arrivent dans un grand champ, et ils pensent que c’est un terrain de jeu, mais ce ne l’est pas », tranche ce dernier.

M. Laurencelle apporte toutefois une nuance sur les incidents qui sont plus communs dans les zones urbaines.

« C’est sûr qu’il y a des régions qui sont pires que nous », tempère-t-il. « Par contre, on dirait que plus on s’approche des villes, plus la situation est pire », laisse-t-il entendre.

Reste seulement à souhaiter que la sensibilisation fasse effet, et que les clubs n’aient pas à payer le prix de l’abus de certains motoneigistes délinquants qui mettent en péril les droits d’accès.

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