Il surfe le Saint-Laurent hiver comme été

Par Johannie Gaudreault 7:00 AM - 16 janvier 2024
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Jérôme Casanova surfe les vagues de la Côte-Nord, hiver comme été. Photo JM Guillet

Tant qu’il n’y a pas de banquise, Jérôme Casanova enfile sa combinaison isothermique, attrape sa planche de surf et part à la conquête des plus belles vagues de la Côte-Nord. Le froid et les températures hivernales ne l’empêchent pas de pratiquer son sport favori de Baie-Trinité à Kegaska.

L’exceptionnelle douceur et les faibles précipitations de neige du mois de décembre lui ont permis de surfer plus longtemps cette saison. Il pourrait s’en réjouir, mais l’environnement prime avant tout.

« La banquise, on en a besoin pour l’écosystème, pour l’environnement marin. Il y a le surf, mais ce n’est pas une priorité. D’abord, c’est que Dame nature fonctionne correctement et que l’environnement se porte bien. C’est garanti qu’il y a du froid », témoigne le surfeur résidant à Gallix, mais originaire de France.

Jérôme Casanova, aussi passionné soit-il, ne risque pas de se blesser au profit de son sport. « En dessous de — 20 degrés Celsius, j’évite tout de même de surfer pour ne pas avoir d’engelures. En général, j’essaye de me mettre une limite. On peut aller surfer à — 20 ou — 25, mais là on entre dans des températures où il faut être plus prudent », explique-t-il.

Quand il convient de sortir sa planche, le surfeur limite son temps sur le fleuve en fonction des signaux de son corps. Aux premiers symptômes de froid, il fait demi-tour et retourne à la maison.

« Quand je commencer à grelotter, c’est le temps de sortir. Ça veut dire que la température du corps commence à baisser puisqu’on grelotte pour essayer de se réchauffer. Généralement, au bout de 45 minutes de surf en eau très froide, une heure gros maximum, on doit sortir », relate M. Casanova qui ne conseille pas aux débutants de commencer durant l’hiver.

L’équipement joue aussi un rôle crucial parce que même si le surf hivernal n’est pas considéré comme un sport extrême, il comporte tout de même des risques d’hypothermie et d’engelures, comme le mentionne le Nord-Côtier d’adoption.

Bien entendu, la planche, la combinaison isothermique et les bottines sont toujours nécessaires, à quelques différences près. « Le wetsuit, c’est exactement la même matière. Il est un peu plus épais, soit 4 millimètres, et c’est pareil pour les bottines qui sont de 8 mm », précise Jérôme Casanova.

Les meilleurs spots 

Le fleuve Saint-Laurent est idéal pour pratiquer le surf. « On a de belles vagues de Baie-Trinité jusqu’à Kegaska et un peu plus loin », assure celui qui a commencé ce sport nautique il y a une vingtaine d’années, soit depuis son arrivée au Québec.

C’est dans la région qu’il a toujours grimpé sur sa planche. « J’ai toujours surfé dans des eaux froides, témoigne-t-il. J’ai pas mal exploré le surf ici sur la Côte-Nord ainsi qu’à Terre-Neuve, Nouvelle-Écosse et un peu les côtes du Labrador aussi. »

Pour ce qui est des endroits où on trouve les plus meilleures vagues, M. Casanova ne peut s’arrêter qu’à un seul. Pour lui, ce sont les vents qui sont les maîtres d’œuvre. 

« Tout dépendant des endroits, les vagues seront meilleures avec des vents de l’ouest ou de l’est. Du côté d’Havre-St-Pierre, en raison de l’île d’Anticosti qui coupe les vagues, la houle ne va pas rentrer », dévoile toutefois le surfeur qui n’a encore jamais tenté le coup à Baie-Comeau et en Haute-Côte-Nord.

Pas pour les débutants

Chose certaine, l’enseignant au Surfshack, école de surf située à Moisie, ne conseille pas aux débutants de se lancer durant la période hivernale. 

« L’été est idéal pour ceux qui veulent s’initier au surf. Il y a de belles petites vagues qui se prennent bien pour les débutants. L’été, l’eau est moins froide, donc c’est plus accessible », ajoute-t-il.

C’est d’ailleurs son job de professeur qui l’a amené dans la région il y a 8 ans. « Je venais déjà sur la Côte-Nord avant pour surfer, mais ce qui a fait en sorte que je m’installe définitivement ici, c’est ma rencontre avec Frédéric Dumoulin, qui est le précurseur du surf sur la Côte-Nord », raconte Jérôme Casanova, qui est un des rares surfeurs qui bravent les eaux glacées.

D’autres passions

« Dans une autre vie », alors qu’il résidait encore dans son pays d’origine, M. Casanova évoluait parmi les athlètes de haut niveau en saut à ski. « Avant d’arriver au Québec, mon activité principale, c’était vraiment le ski », dit-il. Il en fait encore aujourd’hui. « Je suis rarement à l’intérieur ! »

Pour couronner le tout, le sportif dans l’âme utilise son autre passion pour la photographie et le montage vidéo pour illustrer ses prouesses sur le fleuve. « Ça facilite la chose sur la Côte-Nord, on a des paysages magnifiques. C’est facile de faire de belles images », conclut-il. 

Le 24 décembre, Jérôme Casanova ne préparait pas son réveillon de Noël. Il surfait près de chez lui. Photo Jérôme Casanova

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