Les ours polaires ne peuvent pas bien s’alimenter sans la banquise, selon une étude
Les ours polaires de la baie d'Hudson, bloqués sur terre par un été qui s'allonge, ont tout essayé pour se nourrir, depuis la nage après les carcasses de phoques jusqu'au grignotage des bois de caribou. Photo David Goldman/La Presse Canadienne
Les ours polaires de la baie d’Hudson, bloqués sur terre par un été qui s’allonge, ont tout essayé pour se nourrir, depuis la nage après les carcasses de phoques jusqu’au grignotage des bois de caribou.
Mais un récent projet de recherche a révélé qu’aucune de ces solutions n’a fonctionné. Cette conclusion pourrait avoir le dernier mot sur la question de savoir si les ours peuvent trouver suffisamment de nourriture sur le rivage afin de compenser pour les périodes de chasse sur la banquise qui diminue de plus en plus.
«Il n’existe réellement aucune nourriture terrestre qui puisse répondre à leurs besoins énergétiques», a déclaré Anthony Pagano, auteur principal d’un article publié dans la revue scientifique Nature Communications, portant sur les ours polaires de la côte ouest de la baie d’Hudson, qui ont fait l’objet de plusieurs études.
Les scientifiques observent depuis longtemps comment les ours polaires de l’ouest de la baie d’Hudson, l’une des populations les plus méridionales du monde, se comportent à mesure que le climat continue de changer.
Parce que la banquise fond plus tôt et se forme plus tard, les ours passent environ trois semaines de plus sur terre que dans les années 1980, prolongeant ainsi le temps qu’ils passent hors de la banquise qu’ils utilisent pour chasser les phoques riches en graisse, leur principale proie. Les périodes passées sur les rivages sont susceptibles de s’allonger de deux semaines par décennie.
La question est de savoir s’il y a suffisamment de nourriture sur terre pour nourrir les ours polaires, les ours les plus gros et donc les plus affamés de la planète.
M. Pagano et ses collègues ont équipé 20 ours de petites caméras vidéo autour du cou, permettant à l’équipe de suivre les déplacements, heure par heure, de cet échantillon pendant trois semaines.
«Nous avions une vue d’ensemble sur leur comportement, a affirmé le chercheur. Ils parcourraient le paysage à la recherche de n’importe quoi.»
Certains ours dormaient simplement, jusqu’à 98 % du temps.
Les autres ont mis le «omni» dans le mot «omnivore». Presque tous mangeaient de l’herbe et du varech. La plupart mangeaient des baies. Beaucoup ont avalé des œufs, fouillé des carcasses d’oiseaux et croqué des os, y compris des bois de caribou.
Certains ont nagé dans la baie, trouvant occasionnellement des carcasses de phoques. L’un d’eux a nagé toute la nuit, à 50 kilomètres au large, pour trouver un béluga mort flottant, que l’ours utilisait principalement comme plateforme de repos avant de revenir à la nage.
Mais aucun n’a maintenu son poids. Tous ont perdu environ deux kilos par jour.
«Quelle que soit la stratégie qu’ils utilisaient, ils ont tous perdu du poids à un rythme similaire, a déploré M. Pagano. Ils n’obtiennent pas vraiment d’avantages nets au-delà de la compensation de la demande énergétique plus élevée qu’ils utilisaient.»
Il est normal que les ours perdent du poids pendant la période sans glace, mais il n’est pas normal qu’ils perdent du poids lors de période qui s’allonge au fil du temps, ce qui les oblige à commencer l’hiver plus faibles.
M. Pagano a déclaré que ces longues périodes sans glace sont encore plus difficiles pour les jeunes animaux.
«Ils sont plus petits, ils ont une dépense énergétique plus élevée, ils ne sont peut-être pas des chasseurs aussi habiles et ils ne sont pas capables d’accumuler autant de graisse corporelle, a-t-il expliqué. Ce sont les individus qui courent le plus grand risque.»
Tous les ours ont survécu à la période d’étude. L’un d’eux avait encore assez de graisse corporelle pour survivre jusqu’à l’été suivant.
Mais deux jeunes femelles étudiées par M. Pagano ont perdu du poids à un rythme tel qu’il était peu probable qu’elles survivent jusqu’au retour de la glace. Un autre jeune mâle semblait condamné jusqu’à ce qu’il trouve une grosse carcasse à récupérer qui lui a probablement sauvé la vie.
Les ours polaires ne sont pas de simples grizzlis en costume blanc, a conclu M. Pagano.
«Les aliments disponibles sur le rivage ont un contenu énergétique assez faible. [Les ours polaires] ont besoin d’un régime riche en énergie.»
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