Claims miniers: vous êtes “maître chez vous”

Par Emelie Bernier 4:59 AM - 15 février 2024 Initiative de journalisme local
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Que votre terrain soit "claimé" ne signifie pas que vous serez exproprié, mais la vigilance demeure de mise. Photo QMM, archives de Malartic.

” Sur votre terrain privé, vous êtes propriétaire et les explorateurs ne peuvent pas aller chez vous sans votre permission. Vous ne vous réveillerez pas un matin avec des explorateurs dans votre cour, ce n’est pas comme ça que ça marche “, martèle Josée Méthot, présidente-directrice générale de l’Association minière du Québec (AMQ).

Fondée en 1936, l’AMQ agit à titre de porte-parole de l’ensemble des entreprises minières sur le territoire québécois. Selon sa PDG, le cadre législatif et règlementaire présentement en vigueur protège les citoyens. 

Les municipalités sont informées lorsqu’elles ont des claims sur leur territoire, rappelle Mme Méthot.

” Une entreprise, avant d’aller faire des travaux sur le territoire, elle doit aviser la municipalité ou la communauté autochtone concernée au moins 30 jours avant de venir. Il y a une information qui est transmise et qui doit allumer des lumières! “

Les règles évoluent constamment, soutient-elle, évoquant notamment le récent règlement adopté pour encadrer davantage les travaux d’exploration dits ” à impact “.  

Dynamitage dans une mine de Labrador City, Archives.

” Dès que j’utilise de la machinerie hydraulique ou des explosifs, j’ai besoin non seulement d’une autorisation, mais je dois avoir un échange avec la population et que je fasse la preuve de cet échange. S’il y a eu des demandes de mesures d’atténuation, je dois dire comment j’entends y répondre. Ça va venir améliorer énormément les relations et les communications entre les entreprises d’exploration, les municipalités et les citoyens, et ce, partout au Québec! “, estime Josée Méthot.  

Cette obligation supplémentaire inscrite au cadre règlementaire protège les citoyens, insiste-t-elle. ” Quand va venir le temps de faire des travaux exploratoires, ça va permettre de mettre des conditions. Pouvez-vous passer par un autre chemin, éviter de travailler la nuit, la fin de semaine? Des exemples où ça se passe bien, il y en a! “

Elle cite celui de la mine Wasamac, de la compagnie Agnico Eagle, en Abitibi. ” Avant de faire leurs travaux, l’entreprise, parce que le projet avait vécu plusieurs remous avec la population dans les années passées, s’est dit : on va bien faire les choses. Ils ont fait du porte-à-porte. Ils ont parlé aux gens et leur ont demandé qu’est-ce qui les dérangeait. Certains ont dit la poussière, d’autres le bruit, ce qui a fait en sorte que la compagnie s’est virée de bord et a mis des conditions “, explique Mme Méthot.

Les foreuses ont été “habillées” pour atténuer le bruit et certaines méthodes de travail ont été modifiées. “Après, on n’en a plus entendu parler, parce que ça a été bien fait, même avant que ce soit règlementé.”

Josée Méthot. Courtoisie

Vertes, les mines?

Elle-même issue du milieu de l’environnement, la DG concède que les entreprises minières ne sont pas sans impact sur les milieux naturels. 

“Mais on est en 2024, on ne travaille pas comme on travaillait en 1980. L’industrie minière a des obligations règlementaires, législatives. On est exigeant au Québec et l’industrie se conforme. J’ai travaillé en environnement avant d’être à l’AMQ, c’est important pour moi et des gens comme moi, il y en a partout dans l’industrie! “

Les membres de l’AMQ doivent obligatoirement adhérer à l’initiative Towards sustainable mining (TSM ou Vers une exploitation minière durable). ” C’est un standard ESG (ndlr : Enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance) d’amélioration continue en matière de développement durable. On inclut là-dedans la lutte aux changements climatiques, le respect de l’environnement, l’efficacité énergétique, l’intendance de l’eau… Cette initiative fait travailler les minières dans un cadre pour aller au-delà de la règlementation. Pour nous, respecter le règlement, c’est le minimum et après, on monte la barre parce que les entreprises peuvent faire mieux. “

Plus de claims, plus de mines?

Attention aux raccourcis, prévient Josée Méthot. “Au Québec, on a toujours eu entre 20 et 25 mines en opération et 30 à 35 projets miniers en développement. Un nombre élevé de claims ne veut pas dire qu’il va y avoir un nombre exponentiel de mines. Souvent, les gens d’exploration nous disent : ça prend 1 000 projets d’exploration pour trouver un gisement rentable. Il y a loin de la coupe aux lèvres!”, insiste la PDG de l’Association minière du Québec.

” En 2022, seulement 13,6 % des claims actifs au Québec ont fait l’objet de travaux d’exploration sur le terrain “, peut-on lire sur le site du ministère des Ressources naturelles et des Forêts.

” Et on ne parle pas de forage! Les claims qui ont eu des vrais travaux d’exploration à impact, c’est 0,5 %. La quantité est très faible “, indique Josée Méthot. 

L’AMQ calcule que 0,7 mine a fait l’objet d’une mise en production par an au cours des dix dernières années. 

” Le territoire est très peu exploré et il y a beaucoup de potentiel au Québec. On l’a affiché comme ça, on en a fait la promotion. On en a besoin du graphite, du lithium, du nickel, de ces matières-là pour la fabrication de la machinerie, des équipements qui vont permettre la transition énergétique et réduire notre dépendance aux énergies fossiles.”

L’industrie minière est donc un atout pour la décarbonation mondiale, affirme sans l’ombre d’un doute Josée Méthot. “On est quand même l’industrie minière avec la plus faible empreinte carbone au monde. Avec nos normes environnementales, on peut se vanter qu’on fait bien les choses. On peut et on doit encore s’améliorer, mais notre industrie fait partie de la solution aux changements climatiques “, conclut Josée Méthot.

Des chiffres

73,25 

Droits moyens (en $) à acquitter pour un claim de 50 hectares

Au Québec*

349 183

Nombre de claims actifs 

17 855 880 

Superficie totale (en hectares) des claims

10,71

Pourcentage de la superficie du Québec (166 691 110 ha) couvert par des claims

(*Données en date du 30 janvier 2024, ministère des Ressources naturelles et des Forêts)

Sur la Côte-Nord**

36 107 

Nombre de claims actifs

1 920 656,75 

Superficie totale (en hectares) des claims

(**Données en date du 7 février 2024, ministère des Ressources naturelles et des Forêts)

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