Des aides à domicile qui aimeraient contribuer davantage

Par Johannie Gaudreault 7:00 AM - 5 mars 2024
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Audrey Tremblay, directrice générale de la Coopérative de solidarité d’aide à domicile de la Haute-Côte-Nord. Photo courtoisie

Les préposées d’aide à domicile jouent un grand rôle dans le maintien à demeure des aînés, mais elles ne sont pas déployées à leur plein potentiel. Des partenariats avec les établissements de santé leur permettraient de prêter main-forte à un réseau qui en a bien besoin.

En fait, une des problématiques soulevées par la directrice générale de la Coopérative de solidarité d’aide à domicile de la Haute-Côte-Nord (CSAD-HCN), Audrey Tremblay, est le nombre élevé de chèques emploi-service qui pourrait lui être référé.

Les chèques emploi-service consistent aussi en des soins d’aide à domicile, mais sont attribués à des travailleurs autonomes par les établissements de santé. Mme Tremblay croit qu’il y a une méconnaissance des services offerts par la CSAD-HCN.

Le 21 février, elle a rencontré des travailleurs sociaux du CISSS de la Côte-Nord pour leur exposer le rôle de l’organisme. « J’ai expliqué c’est quoi les services qu’on offre et comment ça fonctionne parce qu’il y en a qui viennent d’agences [de placement]. Ils ne connaissaient pas tous les services », dévoile la directrice. 

Celle-ci affirme tout de même entretenir une belle collaboration avec les intervenants de l’établissement de santé.

« Ils appellent pour avoir des informations, je prends le temps de leur expliquer comment ça fonctionne », se réjouit Mme Tremblay, qui précise qu’il est plus avantageux de travailler pour la coopérative que comme travailleurs autonomes.

À la CSAD-HCN, les préposées d’aide à domicile commencent à un taux horaire de 20 $. À ce montant s’ajoutent des primes pour « le grand ménage, le répit et les soins à la personne », indique la responsable.

« Leurs frais de transport sont payés lorsque c’est à l’extérieur de leur village. On paie les kilométrages. Quand ils travaillent à l’intérieur de leur village, on donne 1 $ de l’heure », poursuit-elle.

D’autres avantages se joignent plus tard comme les assurances collectives et les congés maladie payés. « C’est plus avantageux qu’avec les chèques emploi-service », soutient Audrey Tremblay qui aimerait recevoir plus de clients référencés par le CISSS de la Côte-Nord ainsi que le personnel qui vient avec. 

En ce moment, la coopérative embauche 47 employés, dont 39 qui travaillent comme aide à domicile et 8 à la Maison Gilles-Carle. Ils sont presque tous à temps plein.

En termes de clientèle, l’entreprise d’économie sociale dessert 215 bénéficiaires non référés par le CISSS et 119 qui le sont. « J’ai une liste d’attente d’au moins 20 personnes sur toute la Haute-Côte-Nord, donc des clients qui ne sont pas servis », divulgue la directrice. 

Les clients sont des hommes et des femmes de 65 ans et plus. Ceux qui sont âgés de moins de 65 ans doivent obligatoirement obtenir une référence du réseau de la santé. 

La CSAD-HCN offre des soins d’assistance personnelle comme les bains, l’entretien de la personne, l’habillement, le changement de culotte, la nutrition ou l’assistance aux déplacements.

Les bénéficiaires non référés peuvent demander la préparation des repas, la lessive, l’entretien ménager, faire les courses et les services de répit pour proches aidants.

Avec le Programme d’exonération financière pour les services d’aide domestique, ils peuvent recevoir une aide financière, attribuée par la Régie de l’assurance
maladie du Québec.

« On a un tarif à 25 $ de l’heure en ce moment. La RAMQ peut aller de 4 $ à 24 $ de l’heure de subvention, selon les revenus des clients sur leur rapport d’impôt », fait savoir Audrey Tremblay.

Pénurie de main-d’oeuvre

Le manque de personnel touche aussi les préposées d’aide à domicile. À la CSAD-HCN, on aimerait embaucher plus de ressources pour faire diminuer la liste d’attente. Le besoin est plus criant dans certains secteurs, comme à Sacré-Cœur, Forestville et Les Escoumins.

La directrice générale constate que le nombre d’heures accordé à chaque bénéficiaire est en augmentation. « Avant, c’était 2-3 heures, là c’est rendu 15-17 heures même jusqu’à 30 heures pour un client », témoigne-t-elle.

« Les soins à la personne sont en demande et la population est vieillissante. Les personnes âgées essayent de rester chez eux le plus longtemps possible », renchérit Mme Tremblay.

Pour la directrice de la CSAD-HCN, le métier de préposée d’aide à domicile n’est pas reconnu à sa juste valeur.

« Les employées sont souvent appelées femmes de ménage. Ils sont plus que des femmes de ménage, ce sont des préposées d’aide à domicile qui travaillent pour le bien-être des personnes âgées », déplore-t-elle.

Les personnes qui souhaitent postuler comme aide à domicile n’ont pas besoin de formation spécifique. La coopérative forme elle-même ses employés.

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