L’aide à la classe fait craindre le pire dans les CPE de la Côte-Nord
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Le Regroupement des centres de la petite enfance de la Côte-Nord (RCPECN) craint que l’aide à la classe annoncée par le gouvernement du Québec, dans les mesures de la nouvelle convention collective des profs, aggrave les enjeux de personnels dans les CPE.
Quand il est question de recrutement de personnel, les CPE ont déjà de la difficulté à rivaliser avec la prime de rétention offerte dans les écoles. La mesure fait en sorte qu’à qualification égale et pour le même emploi, une éducatrice gagnera un meilleur salaire en milieu scolaire que dans un centre de la petite enfance.
En CPE, une éducatrice qualifiée gagne de 21,60 $ à 28,60 $ de l’heure, selon où elle se situe dans l’échelon salarial. Une éducatrice non qualifiée gagne de 18,52 $ à 27,78 $. En service de garde scolaire, au dernier échelon, le salaire est de 26 $ de l’heure sans compter la prime (+8 %). Ce salaire sera aussi augmenté de 17,4 % sur cinq ans suite aux dernières négociations.
« En tant qu’employeur, un bel argument qu’on avait [en CPE] pour garder notre monde, c’était de leur promettre 32 heures par semaine sans “shift” coupé. Le milieu scolaire ne pouvait pas le promettre, en raison des heures coupées », dit Odette Lavigne. « Maintenant, avec l’aide à la classe, il y a lieu de se poser la question : est-ce qu’on va perdre des employés vers le réseau scolaire ? », poursuit-elle.
Les éducatrices en milieu scolaire auront désormais l’option de compléter leurs horaires en offrant de l’aide à la classe en complément. Elles auront donc accès beaucoup plus facilement à des horaires à temps plein et sans quarts de travail coupés.
Pour y arriver, les nouvelles employées en CPE doivent habituellement commencer par la liste de rappel.
« Ce n’est pas attractif de dire à une employée qu’on a besoin d’elle, qu’elle devrait faire 32 heures par semaine et même plus, mais je ne peux pas lui garantir sur papier », illustre la directrice du RCPECN.
Au jour le jour
Les enjeux de personnel demeurent présents au quotidien. Depuis janvier, les CPE Sous le bon toit, Ritourn’ailes, Merveille et Maisonnette de Sept-Îles rappellent aux parents l’importance d’aviser des absences à venir et des heures de fréquentation de leurs enfants, pour faciliter la gestion d’horaire des employés.
Il y a environ une semaine, la situation est devenue plus critique. La direction d’une installation de Ritourn’ailes a demandé aux parents de se présenter le plus tôt possible pour récupérer leurs enfants, en raison d’enjeux de personnel.
Quelques jours plus tard, le CPE Sous le bon toit était face au même enjeu.
« Les enfants arrivant après 9 h sans avertissement seront considérés absents. Premier arrivé, premier servi », écrivait l’établissement, dans une publication Facebook.
Situation connue
La directrice du Regroupement des centres de la petite enfance de la Côte-Nord (RCPECN), Odette Lavigne, affirme que la situation est connue depuis longtemps. Selon elle, le premier risque de bris de service s’est produit à l’été 2021.
« On se rappellera qu’en 2020 on disait aux personnes de plus de 60 ans qu’il était dangereux d’être avec des enfants de moins de 5 ans », souligne Mme Lavigne, référant à la période de pandémie. « Donc, il y a eu des départs à la retraite précipités. »
Les problèmes se sont ensuite enchaînés.
Par exemple, un CPE de Forestville a été dans l’obligation de fermer un groupe pendant deux mois, de mars à mai 2023. Dans les environs de Baie-Comeau, plusieurs CPE doivent réduire leurs heures d’ouverture, ou fermer des groupes, par manque d’employés. Les CPE Touchatouille de Port-Cartier et Sous le bon toit de Sept-Îles ont tous deux annulé leur projet de nouvelles installations, en retournant leurs places au gouvernement. Dans la plupart des installations, les éducatrices coupent leur temps de pause pour compenser le manque de main-d’œuvre.
Mme Lavigne affirme que la situation est variable. « Ça ne va pas bien de manière générale. Il nous manque du monde », dit-elle.
Selon un sondage effectué auprès des diverses installations de la région, il manque environ 35 éducatrices pour stabiliser la situation.
Odette Lavigne assure que le RCPECN travaille très fort, afin de maximiser les efforts de recrutement.
En date du 30 septembre 2023, les plus récentes données disponibles, 450 enfants étaient en attente d’une place (au guichet unique) sur la Côte-Nord.
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