Côte-Nord : une réalité de vol unique au Canada

Par Emy-Jane Déry 9:03 AM - 13 mars 2024
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Air Liaison à La Romaine. Photo Facebook Air Liaison

Le soleil brillait de plein feu, pourtant, les vols ont dû être retardés pendant trois jours la semaine dernière, à Blanc-Sablon. Les vents empêchaient tout décollage et atterrissage, ce qui a provoqué du retard sur l’horaire pour les passagers et des frais supplémentaires pour le transporteur : une réalité méconnue, croit Air Liaison. 

« Les aéroports ont été conçus à une époque où ce n’était pas un service essentiel et elles sont dans des zones de vent (…) Quelques-unes, c’est hallucinant ! », a lancé Yves Côté, directeur du service à la clientèle et du développement des affaires chez Air Liaison. 

L’entreprise aérienne évalue actuellement la possibilité d’augmenter son offre à partir de l’aéroport de Sept-Îles, d’ici les prochains mois. Dernièrement, elle a investi près de 2 M$ sur la Côte-Nord. Elle a optimisé ses infrastructures en Basse-Côte-Nord, lui permettant notamment de devenir autonome en termes d’alimentation en carburant. 

« Ça a été de gros investissements, mais l’essence nous coûte maintenant 70 % moins cher qu’avant. Sur le long terme, on est gagnant », a expliqué M. Côté. 

Il est d’avis que ça fait partie de la clé pour mettre en place un service de transport aérien régional rentable et efficace : l’autonomie, qui permet un meilleur contrôle des coûts. 

La Côte-Nord représente une situation qui est unique au Canada, croit-il. 

Aux yeux des consommateurs, les coûts paraissent impressionnants pour un vol entre Sept-Îles et Blanc-Sablon. Ils sont plus élevés qu’un vol entre Québec et Paris. 

Quand les vols sont retardés en raison de la météo, non seulement il y a du retard pour tout le monde, mais il y a aussi des frais supplémentaires pour le transporteur. 

« On se ramasse en surcapacité et je paye les pilotes qui demeurent au sol et je les repaye en temps double pour rattraper les journées de retard », a-t-il illustré. « On est probablement la seule région au Canada à avoir une réalité de vol complexe comme celle-là. Ça a un impact important sur le respect des horaires. » 

Et sur le trajet entre Sept-Îles et Blanc-Sablon, l’avion se posera et décollera de nombreuses fois pour desservir les petits villages. 

« Les coûts d’entretien pour la même distance parcourue sont beaucoup plus élevés que pour un transporteur qui fait juste de la longue distance. Naturellement, les coûts d’entretien sont rapportés par siège et ça peut sembler énorme, mais les coûts d’opération sont beaucoup plus élevés », a expliqué M. Côté. 

Ramener les petits marchés

Pour Sept-Îles, Air Liaison envisage donc de ramener des vols vers Mont-Joli, Gaspé et les Îles-de-la-Madeleine. La compagnie en est à évaluer si elle peut atteindre son seuil de rentabilité en offrant le service à l’année.

Elle vise notamment une clientèle de travailleurs qui font régulièrement le trajet entre la rive sud et la rive nord. Il y a un potentiel pour les familles qui veulent se visiter et les touristes. Une clientèle médicale pourrait également faire partie de l’équation.

L’intention de Québec de possiblement inclure les vols intrarégionaux dans le programme PAAR et ses billets à 500 $ aura certainement un impact dans la décision de l’entreprise d’aller de l’avant, ou non.