Formation de préposé aux bénéficiaires : la sélection critiquée par des candidats

Par Johannie Gaudreault 6:00 AM - 19 mars 2024
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Jeremy Berger de Forestville ne comprend pas les raisons du refus de sa candidature. Photo courtoisie

Myriam Murray est indignée. « Le manque de préposés aux bénéficiaires est flagrant sur la Côte-Nord, mais on refuse la candidature de mon fils pour la formation qui commencera à Forestville le 25 mars alors qu’il répond à tous les critères », s’offusque la Forestvilloise qui a, elle aussi, accusé un refus il y un an pour ce même programme. 

Le Centre de formation professionnelle (CFP) de Forestville débute une nouvelle cohorte pour la formation Soutien aux services d’assistance en établissement de santé et de services sociaux. 

« Le programme nécessite un minimum de 10 étudiants pour démarrer. Le processus de recrutement est toujours en vigueur », informe le conseiller aux communications au CISSS de la Côte-Nord, Pascal Paradis. 

Ce cours découle du programme de bourses qui, à la fin du programme de 705 heures, permet aux candidats d’être embauchés au CISSS comme préposés aux bénéficiaires. 

Pour être admissibles au programme de bourses, les étudiants doivent répondre aux exigences académiques validées par le CFP. Par la suite, c’est l’établissement de santé qui se charge de la sélection des candidats. 

« La sélection se fait exactement de la même façon qu’un processus régulier avec une entrevue, un questionnaire médical et la validation des antécédents judiciaires. Les critères d’admissibilité sont les mêmes qu’à l’embauche », fait savoir M. Paradis. 

Une fois choisis, les élèves doivent s’engager pour une période de six mois. « Une bourse de 12 000 $ est versée au candidat », précise le porte-parole du CISSS de la Côte-Nord.

Sans réponse

Si la procédure se présente de façon simple, ce n’est pas ce qu’a vécu Jérémy Berger, le fils de Mme Murray. Après avoir soumis sa candidature au CFP, le jeune homme de 18 ans est entré dans le tourbillon de la sélection. 

« On lui a fait passer une entrevue par Zoom, témoigne sa mère. Comment peut-on se baser seulement sur cette entrevue pour refuser quelqu’un ? Jérémy, il travaille depuis qu’il a 13 ans et il veut faire ce métier dans la vie. »

Myriam Murray avait subi le même sort l’année passée, mais elle n’était pas aussi outrée. « Moi, j’ai 40 ans, je travaille déjà ailleurs. Mais Jérémy, il a fini ses études secondaires. Il a fait un stage à l’urgence, au CLSC, et il a adoré son expérience. Il me semble qu’on ne peut pas se passer d’employés comme lui », exprime-t-elle. 

C’est trois jours après son entrevue que le jeune homme a vu son rêve s’écrouler. Sa candidature n’a pas été retenue à son grand désarroi. « On a appelé pour savoir les raisons. Ç’a fini que le responsable m’a raccroché au nez en me disant qu’on ne fera pas de débat là-dessus », raconte Myriam Murray.

Les questions du duo mère-fils sont restées sans réponse. « Pourquoi vous mettez des annonces publiques, mais vous prenez seulement votre monde ? Ils prennent juste ceux qui travaillent pour eux. C’est injuste et fâchant », se demande Mme Murray qui demeure avec ces interrogations.

Quand elle avait tenté sa chance l’an dernier, la Forestvilloise avait dû envoyer une lettre mentionnant pourquoi elle désirait exercer le métier de préposée aux bénéficiaires ainsi qu’un curriculum vitae.

« Il fallait fournir des références, mais ils n’en ont appelé aucune des trois que j’avais indiquées », témoigne celle qui sort du silence pour le plus grand nombre. « Je ne veux pas faire de débat juste pour moi et mon fils, mais pour d’autres aussi qui sont intéressés. »

À l’extérieur

Pour Jérémy Berger, le choix était facile. Entre étudier à deux minutes de sa résidence ou à l’extérieur de la région, la première option allait de soi. 

Il se réjouissait d’avoir accès à la formation qui l’intéresse depuis longtemps près de chez lui. La finalité l’oblige à se diriger vers d’autres centres de formation. 

« S’il n’a pas le choix, il ira à l’extérieur. Il a donné son nom à Chicoutimi et à Québec. Contrairement à ici, il aura des frais à débourser pour le logement. Ce n’est pas donné », affirme sa mère. 

Cette dernière aurait préféré que son fils utilise ses fonds Universitas pour aller plus loin dans ses études. « Il aurait pu suivre le cours d’infirmier auxiliaire, il lui aurait resté de l’argent », se désole-t-elle. 

Pour Myriam Murray, la situation est claire : le CISSS de la Côte-Nord se prive d’une main-d’œuvre intéressante alors qu’il en a bien besoin. « S’il y a un métier qui est demandé, c’est bien ça », conclut celle qui utilise sa voix pour « éviter que ça continue comme ça ».

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