CISSS de la Côte-Nord : climat de travail « toxique » chez les auxiliaires à Forestville

Par Johannie Gaudreault 6:00 AM - 10 avril 2024
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Le CISSS de la Côte-Nord confirme être au courant de la situation et que des discussions sont amorcées. Photo Johannie Gaudreault

C’est dans un climat d’intimidation et de harcèlement que des auxiliaires en santé et services sociaux de Forestville disent travailler. Elles se plaignent de « l’ambiance toxique » qui règne dans leur environnement de travail au CLSC de Forestville et pointent du doigt leur cheffe d’équipe. 

La situation est telle que certaines employées sont « au bout du rouleau » et pensent sérieusement à quitter leur emploi. 

Selon une des dénonciatrices rencontrées par le Journal, qui souhaite conserver son anonymat par peur de représailles, la faute revient à la nouvelle cheffe d’équipe embauchée à la suite du départ à la retraite de celle qui occupait ce poste auparavant. 

« La nouvelle employée qui nous fait nos horaires nous intimide et nous fait du harcèlement en voulant nous suivre partout dans notre travail », dénonce celle qui reproche à la superviseure « de ne rien voir » malgré les nombreuses plaintes formulées par les préposées. 

« Des employés des agences quittent ou sont simplement remerciés sans aucune raison valable. C’est comme ça depuis le départ à la retraite de l’ancienne cheffe d’équipe. L’ambiance s’est dégradée et plusieurs griefs ont été ou seront faits prochainement », poursuit l’auxiliaire qui croit que les personnes âgées ont besoin de stabilité. 

L’intimidation vécue par le groupe passe entre autres par de la surveillance extrême. « Elle nous fait surveiller par d’autres auxiliaires. Elle nous suit dans les maisons pour voir ce qu’on fait. Elle appelle même des résidents pour leur demander s’ils ont de quoi contre nous autres, si tous les services sont corrects », divulgue la dénonciatrice anonyme. 

La cheffe d’équipe ferait aussi porter le chapeau de ses erreurs aux membres du personnel. « Elle fait beaucoup d’erreurs. Par exemple, on peut aller dans une résidence à trois auxiliaires alors qu’il faut être juste une. Elle nous fait passer ça sur le dos que c’est nous qui avons fait l’erreur et non elle. Elle revire toujours ça contre nous autres », témoigne la porte-parole du groupe. 

« On est supposé avoir des 15 minutes de pause, on ne les a pas. Souvent, on n’est même pas capable de prendre une heure de dîner. Il faut prendre une demi-heure ou on mange dans notre auto parce qu’on n’a pas le temps », enchaîne-t-elle pour expliquer le climat de travail.

Démissions

Si la situation perdure, le CISSS de la Côte-Nord pourrait devoir faire face à une vague de démissions. « Il faut que ça change parce qu’on est toutes en train de tomber une après l’autre », commente l’auxiliaire.

Selon cette dernière, au moins quatre de ses collègues seraient en congé maladie en raison de cette ambiance de travail toxique. « Pour ce qui est des employés des agences, il y en a 5 qui sont partis en une semaine et demie », ajoute-t-elle. 

Les efforts de dénonciation sont restés vains jusqu’à maintenant pour le groupe de travailleurs de plus en plus démunis qui ne sait plus à quel saint se vouer. « On a même signé un papier comme quoi si on parlait, on pourrait avoir des sanctions. »

Des discussions sont enclenchées

Du côté du CISSS de la Côte-Nord, le conseiller en communication, Pascal Paradis, confirme que l’instance est au bien au fait du dossier entourant les auxiliaires en santé et services sociaux. 

« Des démarches sont en cours avec les instances syndicales à ce sujet », précise-t-il, par courriel. La CSN, syndicat représentant les employés touchés, donne le même discours. 

En date du 12 avril, aucune plainte de harcèlement ou d’intimidation n’a été faite par les employés, affirme le CISSS de la Côte-Nord qui fait savoir que « des actions ont déjà été entreprises » pour améliorer le climat de travail dénoncé par les auxiliaires.

« Au cours de la dernière année, plusieurs activités, dont des formations, ont été tenues dans ce secteur pour favoriser le respect et la civilité au sein du personnel avec l’appui de la Direction des ressources humaines », précise Marlène Joseph-Blais, directrice des communications, affaires juridiques et corporatives.

Cette dernière assure également qu’aucun document visant à restreindre la liberté d’expression n’a été signé. « Tous les employés du CISSS de la Côte-Nord doivent signer un engagement à la confidentialité au moment de leur embauche afin notamment de s’assurer que les informations confidentielles des usagers soient préservées conformément à la loi et aux droits des usagers », mentionne-t-elle. 

Finalement, la porte-parole de l’établissement de santé souligne qu’aucun employé d’agence n’est remercié sans motifs raisonnables, lesquels sont communiqués à leur employeur (l’agence de placement de personnel).

« Quant aux employés du CISSS de la Côte-Nord de ce secteur, aucun grief n’a été fait en lien avec cette situation alors que l’employeur et le syndicat travaillent de concert afin d’améliorer le climat de travail », conclut Mme Joseph-Blais.

Des recours pour les employés

Les employés du CISSS de la Côte-Nord ont des recours lorsqu’une situation de ce genre se produit au sein de l’établissement. 

« Les rôles et responsabilités de chacun sont précisés dans la Politique en matière de promotion de la civilité et de prévention du harcèlement et de la violence en milieu de travail. En vertu de cette politique, il est entre autres possible de déposer une plainte officielle », commente Pascal Paradis.

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