La fusion des caisses de la Haute-Côte-Nord inquiète les membres à Forestville

Par Johannie Gaudreault 6:00 AM - 30 avril 2024
Temps de lecture :

Une vingtaine de personnes ont assisté à la présentation du projet de fusion entre les deux caisses de la Haute-Côte-Nord. Photo Johannie Gaudreault

La fusion envisagée pour souder les deux caisses Desjardins de la Haute-Côte-Nord est une source d’inquiétudes pour certains. La peur de la fermeture du centre de services de Forestville a été exprimée par quelques personnes présentes le 24 avril, lors de la présentation du projet aux membres. 

Le conseil d’administration de la Caisse Desjardins du Centre de la Haute-Côte-Nord, accompagné du directeur général Dominic Franc, a répondu aux questions sur le projet de fusion, à la suite de l’assemblée générale annuelle de l’institution. 

Tous s’entendaient pour dire que ce regroupement est favorable à la fois pour la caisse et pour les membres. « Tout seul on peut aller plus vite, ensemble on peut aller plus loin. En étant ensemble, on se positionnerait pour les années à venir. On regarde le membership qu’on a à notre caisse. On a 60 % de nos membres qui ont 50 ans et plus. On voit où ce qu’on s’en va dans les prochaines années », a d’abord illustré le président Jean-Maurice Tremblay.

Selon ce dernier, « le timing » est bon en ce moment pour concrétiser cette fusion. « On n’est pas en train de fermer, mais il faut penser qu’on a des revenus à cause des intérêts qui ont monté. Le taux directeur est rendu à 5 %. Dans les 4-5 prochaines années, comme tout le monde veut que les taux d’intérêt s’en aillent en baissant, pour nous autres, ce sont des revenus en moins », a-t-il expliqué.

Quant au directeur général, il croit que le regroupement permettra de mieux répondre aux besoins des membres. « Actuellement, nos membres ce qu’ils nous demandent, c’est d’être sur le virtuel, c’est d’être sur le terrain, c’est de vous accompagner, c’est d’investir dans la communauté. Pour faire ça, il faut maîtriser et contrôler nos coûts. La compétition le fait très bien », a-t-il mentionné.

À ses yeux, le fait de former qu’une seule caisse pourra assurer le maintien des postes. « Vous allez voir les mêmes visages. On pense qu’avec ce projet-là, on va être capable de répondre aux besoins des 5 600 membres », a ajouté M. Franc. 

Le citoyen Yves Saint-Pierre ne s’est pas satisfait entièrement de ces explications. « Votre optique est très bonne, mais c’est l’optique de la Fédération qu’on ne sait rien comment elle s’en va. Ils ont l’air à en mener large concernant les points de service », questionne-t-il. 

« Ce qu’on a pensé nous autres, il y a toujours un principe qui dit : organisons-nous avant de se faire organiser. Si on est capable d’être plus fort là, dans 4-5 ans, peut-être que ce ne sera pas nous autres qui aurons le contrôle pour mettre le 1,2 M$ sur la bâtisse », a répondu Jean-Maurice Tremblay, en faisant référence à un projet de rénovation cultivé par la caisse. 

De son côté, la citoyenne Irène Lavoie s’est inquiétée à plusieurs reprises de la fermeture du point de services de Forestville à la suite de la fusion. Cette peur est en lien avec la Caisse Desjardins du Saguenay–Saint-Laurent, qui est « plus grosse ». « Il faut que le point de services reste ici », a-t-elle fait savoir au conseil d’administration. 

« C’est sûr que tout le monde qui est assis ici en avant veut que le centre de services de Forestville reste ouvert. On a eu des discussions avec l’autre caisse et la philosophie, ce n’est vraiment pas ça », a assuré l’administrateur Pierre Kaltenback. « Personnellement, je ne serais pas ici ce soir si on décidait de fermer la bâtisse », a poursuivi le président. 

Projets immobiliers

Chacune des caisses de la Haute-Côte-Nord a un projet immobilier dans ses cartons. À Forestville, les administrateurs veulent investir 1,2 M$ pour améliorer le bâtiment de la 2Avenue. « On n’était pas capable de le mettre étant donné que notre actif dans le milieu n’est pas tellement gros. En regroupant les deux caisses ensemble, on serait capable de mettre 1,2 M$ sur notre bâtiment et donner une erre d’aller pour les prochaines années », a confirmé M. Tremblay.

C’est la même situation pour l’institution financière des Escoumins. « Seule également elle va avoir de la difficulté à le faire. De regrouper nos employés, de regrouper nos actifs, c’est là que ça amène d’être capable de faire face dans le futur », a témoigné Dominic Franc, précisant que les appels d’offres du projet forestvillois pourront être lancés en septembre si le projet de fusion est accepté par les membres aux assemblées des 10 et 11 juin à Forestville et Les Bergeronnes, respectivement. 

Notons qu’aucune question n’a été posée lors de l’AGA, tenue le 23 avril à Tadoussac, alors que le conseil d’administration de la caisse du secteur ouest a présenté le projet de regroupement. Plus de 80 personnes étaient présentes dans la salle.

Des inquiétudes chez les employés

Les employés des deux caisses ont été rencontrés afin de leur exposer les détails du possible regroupement. « Surprise, étonnement et inquiétudes, c’est normal. Quel impact ça va avoir sur moi, sur mon ancienneté, sur mes vacances, sur ma mobilité ? Des questions légitimes, a raconté le directeur général concernant la réaction de la main-d’œuvre locale. C’est un projet qui va fonctionner s’ils embarquent, s’ils y croient. »

En ce qui concerne la mobilité des travailleurs, selon la gestionnaire Annie Gagnon, le télétravail facilite beaucoup les choses aujourd’hui. « Il y a quelques mois, on a prêté une ressource à Baie-Comeau et elle ne s’est jamais déplacée. La mobilité n’est plus la mobilité d’il y a 10-15-20 ans. Mais le but n’est pas de venir briser notre équipe pour en faire une ailleurs », a-t-elle soutenu.

M. Franc assure toutefois qu’il ne veut pas « forcer personne ». « Et si jamais, on a un besoin aux Escoumins, on va demander si on peut s’entraider et ça peut être vice-versa », a partagé celui qui quittera ses fonctions le 10 mai, après un peu plus d’un an à Forestville. Il relèvera de nouveaux défis à la caisse de Saint-Raymond–Sainte-Catherine. Pour la suite, le directeur de la Caisse du Saguenay–Saint-Laurent, David Landry, assurera la cogestion des deux institutions à compter du 13 mai.

Partager cet article