Mine du Lac à Paul : les répercussions environnementales inquiètent les Innus

3 février 2016
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Jack Picard

Forestville – Les Premières Nations innues de Pessamit, Essipit et Mashteuiatsh rappellent au gouvernement qu’ils ont leur mot à dire au sujet du projet d’implantation d’une mine d’apatite au Lac à Paul.

« On est critique et il faut l’être. Une mine ce n’est pas des ressources renouvelables, le trou va être là de façon permanente. Comment va-t-on ajuster ça dans 40 ans? », s’interroge Jack Picard, coordonnateur aux ressources territoriales et au suivi des négociations du conseil des Innus de Pessamit. Mentionnons que le le lieu d’extraction du Lac à Paul est situé sur le territoire de Pessamit. Selon le coordonnateur, le rapport du  Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) ne va pas assez loin quant aux effets à long terme.

Dans un communiqué, les trois premières nations ont précisé que leur consentement au projet ne viendrait que si le promoteur consent à conclure une Entente sur les répercussions et les avantages (ERA). Le gouvernement a bien imposé à Ariane Phosphate de mettre en place un comité de suivi spécifique aux premières nations, mais c’est une illusion, selon Jack Picard. « Il ne faut pas faire un travail après, mais avant, et ça passe par une entente », affirme-t-il.

Dans cette entente, les communautés autochtones espèrent avoir des garanties sur des emplois et des contrats éventuels, mais aussi sur des mesures environnementales.

Revendications

Les communautés autochtones concernées estiment que le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et l’étude d’impact réalisée par Ariane Phosphate ne prennent pas assez en compte leurs revendications. Le projet actuel prévoit la construction d’une route qui traverse les trois territoires autochtones et du port de Sainte-Rose-du-Nord. Selon Jack Picard, ces infrastructures vont amener beaucoup de trafic et de nuisances, ce qui peut perturber la chasse et modifier les habitudes du caribou.

Le coordonnateur pense que l’étude d’impact a été réalisée sans tenir compte de l’utilisation effective du territoire. L’homme explique que les autochtones ne l’utilisent pas de la même façon selon les saisons, or l’étude a été réalisée en été. « Dans le projet au début, il n’y avait que quatre lignes sur Pessamit. Ils l’ont reprise, car ils se sont aperçus qu’il y avait du monde. Les innus ne sont pas des permanents ou des vacanciers », explique-t-il.

Bons termes

Malgré ces reproches, le coordonnateur précise être en bons termes avec Ariane Phosphate. « Ils sont à l’écoute », affirme-t-il. Cependant, l’homme pense que l’entreprise a des difficultés à trouver le financement nécessaire à son projet.

Rappelons que, le 22 décembre dernier, le gouvernement québécois a accordé son décret environnemental au projet. La commission d’enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement avait pourtant conclu, en octobre 2015, que le projet devrait être évalué en corrélation avec le projet de port maritime à Sainte-Rose-du-Nord, or, ce projet est toujours en cours d’étude à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale.

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