Arrêts de travail pour maladie : la Ville de Forestville défend son droit de gérance

Par Charlotte Paquet 9 février 2016
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Forestville – Deux employés cadres et un employé syndiqué de la Ville de Forestville sont en arrêt de travail pour maladie depuis de longs mois. Un col bleu vient d’être congédié. Le climat de travail est tendu et on crie même au harcèlement psychologique. Malgré le dépôt de plaintes auprès de différentes instances, la mairesse Micheline Anctil continue de croire que la municipalité ne fait « qu’assumer ses responsabilités auprès des citoyens et défendre des intérêts collectifs et non des intérêts privés personnels. »

Le directeur des travaux publics, Gilles Gravel, est absent du travail depuis juillet 2014. Le directeur des incendies, Marco Gauthier, l’est depuis octobre 2014. En mai 2015, c’était au tour de l’animateur en loisirs, Simon Thériault, d’être en arrêt pour maladie. Il s’agit de trois absences sur 30 employés.

Dans une entrevue qu’ils ont accordée au journal vendredi, la mairesse Anctil et le directeur général Daniel Brochu rejettent les allégations. Ils considèrent que les nouvelles façons de faire pour assurer le développement de la Ville de Forestville, depuis l’arrivée d’un nouveau conseil municipal en 2009, exigent de l’adaptation. Sans le dire ainsi, ils laissent entendre que les employés touchés ont de la difficulté à rentrer dans le moule, pour reprendre une expression consacrée.

Plainte rejetée

Jusqu’à présent, la Ville a dû se défendre devant la Commission des normes du travail, à la suite de la plainte pour harcèlement psychologique portée par son directeur des incendies. M. Gauthier a été débouté en première instance, tout comme il l’a été lorsqu’il a porté la décision en appel. « Pour qu’elle soit rejetée, j’ai dû témoigner pendant trois heures devant un commissaire. Selon les normes, il n’y a pas matière à harcèlement», raconte le directeur général Daniel Brochu.

Le dossier est maintenant devant le Conseil des relations de travail. Selon M. Brochu, une date d’audience avait été fixée, mais elle a été reportée à la demande de la partie plaignante. « On peut alléguer tout plein de choses pour certaines difficultés, mais il faut les prouver », insiste celui qui est en poste depuis 2013.

Près d’une entente, mais…

Dans le dossier du directeur des travaux publics, absent de son poste depuis juillet 2014, la Ville croyait bien que l’affaire était réglée au printemps 2015, mais ce ne fut pas le cas. « Il voulait réintégrer son poste et on était prêt à le réintégrer. Dans le but de faciliter son retour, l’assureur avait délégué une firme en ressources humaines. J’ai participé aux travaux. On était rendu au point où il devait se représenter au travail en mai 2015, mais il s’est désisté», rappelle M. Brochu. Il demeure en arrêt pour maladie et des billets de son médecin en prolonge la durée de mois en mois.

Selon le directeur général, M. Gravel n’a jamais porté de plainte contre la Ville pour du harcèlement psychologique ou pour d’autres raisons.

Des griefs

En revanche, dans le cas du directeur en loisirs, Simon Thériault, un grief pour harcèlement a été déposé. « Effectivement, on a des dossiers de griefs de déposés pour plus d’un employé. Et oui, il y a du harcèlement. On va aller devant le Conseil des relations de travail pour régler ça. La loi provinciale est très claire. L’employeur doit s’assurer que le milieu de travail est exempt de harcèlement », indique Carl Langelier, conseiller aux communications et affaires stratégiques à la Fédération indépendante des syndicats autonomes (FISA). La Ville de Forestville s’attend à devoir se défendre en avril ou en mai lors de l’audition de la cause.
La FISA a aussi déposé un grief pour le congédiement, en novembre dernier, de Jean-Maurice Pilote, un employé col bleu d’une trentaine d’années d’expérience. Son licenciement fait suite à une enquête interne. Selon la Ville, l’audition du grief mettra en lumière les raisons qui l’ont portée à prendre cette décision.

Le dg responsable?

Malgré tout ce qui se passe actuellement, la mairesse Anctil se porte à la défense de son directeur général. « Les problèmes n’ont pas commencé avec l’arrivée de M. Brochu », insiste-t-elle. L’élue mentionne que les premières difficultés remontent à son élection en 2009 et à l’arrivée d’un nouveau conseil municipal qui a voulu faire du développement d’une façon différente. À la suite du départ à la retraite de l’ancien directeur général en 2012  et de la vacance d’un an à ce poste, Mme Anctil affirme avoir été à même de constater des tensions.

« Peut-être que des gens ont de la difficulté à s’adapter à la nouvelle gestion », enchaîne M. Brochu. Il soutient avoir travaillé pendant 20 ans en gestion dans l’entreprise privée et n’avoir jamais rencontré de problème. « Mais l’argent des citoyens, on doit le gérer de façon correcte. Pour nous, ce sont les intérêts publics au détriment des intérêts privés », martèle-t-il, reprenant les propos de Mme Anctil.

La facture

Jusqu’à présent, la Ville de Forestville a dépensé 5 100 $ en frais d’avocats pour assumer sa défense. « On n’a pas le choix. On est en défense par rapport à notre droit de gérance. Ce n’est pas une option. Si la Ville n’est pas conforme, on se soumettra à ce que les tribunaux décideront, mais jusqu’à date, ce n’est pas le cas », souligne le directeur général.

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