Baie-Comeau – Il y a un an jour pour jour, la Côte-Nord retenait son souffle comme jamais. Après des mois et des mois d’une lente agonie, la crise forestière vivait ses pires moments. Sans l’application de mesures gouvernementales, l’industrie forestière était vouée à une mort certaine. Douze mois après la signature d’une entente, qu’en est-il du chemin parcouru depuis?
Un adage dit que « les années se suivent et se ressemblent », mais, dans le cas de l’industrie forestière nord-côtière, c’est évidemment une excellente chose que l’adage ne se s’applique pas à toutes les situations.
En ce premier anniversaire de l’entente quinquennale du 31 août 2015 liant le gouvernement du Québec, Produits forestiers Résolu (PFR) à Baie-Comeau, Rémabec à Port-Cartier et Boisaco à Sacré-Cœur, la crise forestière est définitivement derrière. Le bois, largement affecté par la tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE), continue d’être récolté et les affaires roulent.
« Le problème sur la Côte-Nord, c’était au niveau du coût de la fibre, compte tenu principalement de la tordeuse des bourgeons de l’épinette qui faisait en sorte que les coûts encourus par l’industrie étaient plus chers qu’ailleurs au Québec », rappelle Karl Blackburn, directeur aux affaires publiques de PFR. « La réalité, c’est que dans le contexte dans lequel on se retrouvait, on ne pouvait pas se permettre d’opérer dans un contexte défavorable », ajoute-t-il.
L’entente est venue reconnaître la juste valeur de la fibre récoltée sur la Côte-Nord en tenant compte de ses particularités, principalement l’infestation de la TBE, mais aussi l’éloignement des parterres de coupe qui augmente la facture pour le transport. Pour M. Blackburn, c’est l’élément essentiel à retenir. En reconnaissant cette juste valeur, le gouvernement mettait en place des mesures destinées à permettre à l’industrie forestière de se sortir la tête de l’eau, elle qui représente 1700 emplois directs et 2700 emplois indirects.
Du bois perdu
Des milliers de mètres cubes de bois récoltés au cours de la dernière année, la grande majorité était touchée par l’infestation à différents niveaux. Les travailleurs de la forêt de PFR manqueront de temps pour récolter tous les volumes de bois atteints par la TBE, mais qui pourraient avoir tout de même une valeur commerciale. L’utilisation de produits chimiques permet de traiter le bois endommagé pour en faire des copeaux.
« On ne sera pas capable de tout ramasser dans les délais, car les mesures (gouvernementales) ont été mises en place trop tard », précise le porte-parole. Dans le cas du sapin, une infestation de TBE oblige à une récolte dans une période de trois à cinq ans, car après, c’est trop tard. Pour l’épinette, on parle d’un délai de cinq à sept ans. « Il y aura des milliers de pieds cubes de bois qui seront perdus », déplore-t-il.
Tout en parlant d’un bilan positif après l’an 1 de l’entente, M. Blackburn admet que certains ajustements sont cependant réclamés, notamment au chapitre des taux de défoliation. Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Laurent Lessard, a été interpellé là-dessus par les industriels.
Mobilisation rarement vue
La mobilisation de la région Côte-Nord pour sauver l’industrie forestière a été marquante et a fait la différence. « Sans la mobilisation incroyable des gens de la Côte-Nord qui se sont pris en main, je suis convaincu qu’il ne se passait rien (pas d’entente). J’ai rarement vu une telle mobilisation. Tous poussaient dans la même direction, les acteurs municipaux, les syndicats, le monde économique et politique. Tout le monde disait la même chose et les gens ont tenu leur bout », se souvient Karl Blackburn.
Rappelons la mise sur pied, à l’automne 2014, du comité de la crise forestière qui a multiplié les interven-tions pendant de longs mois afin d’éviter le pire, notamment par des rencontres avec des ministres à Québec et l’organisation de manifestations et autres activités de visibilité.
L’arrêt des opérations forestières de Produits forestiers Résolu, à Baie-Comeau, et de Rémabec, à Port-Cartier, en juin 2015, a été un moment douloureux de la crise forestière dans l’imaginaire collectif. En raison des inventaires de bois tout de même limités, Scierie des Outardes pouvait espérer continuer d’opérer jusqu’à la mi-septembre et la papetière, deux semaines de plus. Dans les jours qui ont suivi la signature de l’entente, la récolte du bois en forêt reprenait.
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