Camionneur contre vents et tempêtes

Par Shirley Kennedy 1 février 2017
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Le camion de Stéphane Leblanc a été immobilisé 19 heures à Tadoussac avant que le MTMDET n’enlève l’interdiction de circulation aux camions lourds sur la route 138. Photo courtoisie.

Le camion de Stéphane Leblanc a été immobilisé 19 heures à Tadoussac avant que le MTMDET n’enlève l’interdiction de circulation aux camions lourds sur la route 138. Photo courtoisie.

Forestville – Camionneur depuis 26 ans, Stéphane Leblanc de Baie-Comeau en a vu de toutes les couleurs au cours de sa carrière. C’est un monde le camionnage. Une gang tissée serrée, peu importe pour qui tu travailles, où que tu ailles et ce que tu transportes. L’important c’est que tu carbures aux milliers de kilomètres engloutis à chaque semaine, bravant les tempêtes, la circulation, les travaux et les conducteurs parfois « moins habiles » que les autres.

 

Le mercredi 25 janvier dernier, 11 h. Il y a déjà 16 heures que le camion lourd que conduit Stéphane Leblanc, propriété de son employeur TST Overland Express est immobilisé sur la voie réservée aux camions lourds dans la côte allant au traversier à Tadoussac.

La veille à 19 h, le ministère du Transport, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports (MTMDET), a interdit la route 138 aux camions lourds en raison des conditions climatiques difficiles. Cette situation, Stéphane Leblanc et ses collègues camionneurs l’ont vécue à maintes reprises. Ça fait partie du métier. Confiné dans une chambre d’hôtel, comme ses amis camionneurs coincés aux Escoumins ou à Sacré-Cœur, il n’a d’autre choix que de patienter. « Je suis arrivé à l’hôtel à 23 heures. Le propriétaire a été très gentil. Le restaurant était fermé et il m’a fait deux sandwichs ».

Après 16 heures d’attente, Stéphane Leblanc espère que les responsables du MTMDET lèveront l’interdiction et qu’il pourra reprendre la route en direction de Québec, un trajet qu’il effectue aller-retour 4 à 5 fois de façon hebdomadaire, soit entre 3 300 et 4 200 kilomètres par semaine. « Je suis allé à mon camion tout à l’heure et je ne suis pas capable de le bouger. Ça va prendre un « towing » pour le sortir, il y a de la neige jusqu’aux portes ».

« En 26 ans, c’est pas la première fois et nous sommes habitués, dit M. Leblanc. La route 138, on la connaît par cœur. En plus, nous on est gros, on est pesant. Quand je suis parti de Baie-Comeau en direction de Québec mardi en fin d’après-midi, je savais que je ne me rendrais pas à Québec. C’était une bonne tempête. Mais les gens qui ne sont pas obligés de sortir ne devraient pas être sur les routes. Ce n’est pas tout le monde qui est en mesure de conduire dans ces conditions-là. J’ai suivi des véhicules qui roulaient à 40 km/h. Ils nous laissent passer. Mais il faut conduire pour les autres ».

Des aléas de la route, plus particulièrement la très controversée route 138 et de la hargne des automobilistes envers les camions, Stéphane Leblanc pourrait en débattre pendant des heures. « La route 138, ils l’ont beaucoup améliorée à mon avis au cours des 15 dernières années », dit-il. Lorsque seront complétés les travaux dans le secteur de la côte Arsène-Gagnon aux Bergeronnes, désignée par les camionneurs comme la « côte du canyon », « il n’y aura plus de côtes dangereuses entre Baie-Comeau et Québec, affirme Stéphane Leblanc. Il va rester des montagnes mais on est loin du temps de la côte dans le village de St-Siméon alors qu’il fallait y aller au c.b. ».

Pour Stéphane Leblanc, sans vouloir ouvrir un débat ou taper sur la tête de qui que ce soit, il n’en demeure pas moins que dans des conditions climatiques difficiles, les automobiles sont ce qu’il y a de plus dangereux. « Les personnes qui m’ont nuit ce sont les automobilistes. Nous c’est notre métier, on sait ce qu’on fait et on sait où on va », ajoute-t-il, concédant que le MTMDET devrait interdire la circulation à tous les véhicules lorsque les conditions se détériorent.

Parlant de conditions exécrables, M. Leblanc préfère de loin la tempête de neige au verglas. « On n’est jamais sûr qu’on va monter quand on est pesant, d’autant plus que le verglas ça ne pardonne pas. Quand c’est parti, y a plus rien à faire ».

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