Les pêcheurs de la Haute-Côte-Nord sont sur le qui-vive

Par Shirley Kennedy 15 février 2017
Temps de lecture :

Portneuf-sur-Mer – En vue d’accélérer le processus de création de certaines zones d’aires marines protégées, le ministère des Pêches et Océans du Canada est actuellement en tournée de consultation au Québec. Parmi les zones considérées pour la mise en place de mesures de conservation des coraux et des éponges du Saint-Laurent, la zone E-1, un secteur de pêche commerciale très prisé par les pêcheurs de la région qui se trouve entre Pointe-à-Boisvert (Longue-Rive) et Pointe-à-Michel (Colombier).

Le 30 janvier dernier à Essipit, cinq représentants de Pêches et Océans Canada ont rencontré des élus de la Haute-Côte-Nord, des responsables des associations de pêcheurs de Baie-Comeau, Portneuf-sur-Mer et Les Escoumins ainsi que quelques cueilleurs de buccins de Forestville et Longue-Rive. Afin de respecter une obligation légale, les communautés autochtones d’Essipit et de Pessamit seront consultées individuellement.

Par cette vaste tournée québécoise, le fédéral désire valider l’exactitude de l’information qu’il détient sur les activités de pêche dans les zones examinées, connaître les préoccupations des intervenants concernés par rapport aux impacts potentiels de la mise en place de mesures de conservation des coraux et éponges, notamment l’exclusion d’engins de pêche touchant le fond marin dans certaines zones. Selon les documents produits par Pêches et Océans Canada, « l’information recueillie aidera le Ministère à sélectionner les zones de coraux et d’éponges à conserver, tout en minimisant l’impact économique sur les activités de pêche ».

Impacts majeurs

Coordonnateur des pêches pour la communauté Essipit, Pierre Léonard ne s’inquiète pas outre-mesure. « Il n’y a rien d’alarmant à l’heure actuelle. Nous avons l’opportunité de travailler de concert avec Pêches et Océans afin de déterminer les zones où les impacts sont quasi-nuls pour y déclarer une aire marine protégée. Ce qui n’est vraiment pas le cas en ce qui concerne la zone E-1 », dit-il.

Des millions $ et des droits de subsistance en jeu

En effet, ce sont une dizaine de pêcheurs de buccin, crabe, turbot, flétan, mactre de Stimpson et de mye qui pratiquent la pêche ou la cueillette dans cette fameuse zone E-1. Cela est sans compter que toutes ces espèces sont transformées à l’usine des Crabiers du Nord de Portneuf-sur-Mer. On parle ici de répercussion économique majeure qui touche au-delà de 125 emplois (usine, bateaux de pêche et cueilleurs) et qui représente plusieurs millions de dollars confirme Patrice Jean, contrôleur financier aux Crabiers du Nord. « Seulement pour l’usine des Crabiers du Nord, cela pourrait affecter 50 % du chiffre d’affaires, c’est-à-dire au-delà de 5 M $ par an ».

Aussi, la position d’Essipit et de Pessamit risque de peser dans la balance du fédéral. Puisque le gouvernement devra prendre en considération la pêche alimentaire des membres de ces communautés, ce qui demeure un enjeu important non négligeable.

À moyen et long terme, les prochaines étapes consistent pour l’équipe de Pêches et Océans Canada, à colliger les informations pour ensuite procéder aux recommandations auprès du ministre LeBlanc. Celles-ci seront diffusées à l’automne 2017 et seront suivies des commentaires des groupes concernés sur les mesures proposées. En décembre 2017 aura lieu l’annonce des mesures de conservation qui seront mises en place au début de la saison de pêche 2018.

« À mon avis, ajoute Pierre Léonard, à 99 % cette zone-là ne sera pas une aire marine protégée. Mais nous allons demeurer vigilants. Le moment venu, s’il le faut, nous monterons aux barricades ».

D’autant plus de préciser M. Léonard, que dans le secteur visé qui nous concerne, soit la zone E-1, on ne retrouve pas de coraux mais seulement des éponges.

Selon Pierre Léonard, le processus fédéral risque d’être appliqué assez rapidement. « Tous les bateaux sont munis d’une boîte noire. S’ils veulent mettre des zones, ça ne demande pas de surveillance particulière. Ils sont à même de cibler des zones assez rapidement ».

Au moment d’aller sous presse, des questions ont été acheminées au service des communications de Pêches et Océans Canada. À suivre.

 

Partager cet article