324 M$ pour les futurs bateaux – La Société des traversiers du Québec pointée du doigt

Par Shirley Kennedy 9 mai 2018
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Le Armand-Imbeau II près de la cale Lorne du Chantier naval de la Davie, croqué sur le vif en décembre 2017. Photo courtoisie Jean-Pierre Charest

Le Armand-Imbeau II près de la cale Lorne du Chantier naval de la Davie, croqué sur le vif en décembre 2017. Photo courtoisie Jean-Pierre Charest

Tadoussac – Les futurs traversiers ne sont toujours pas livrés au service de traversier Tadoussac-Baie-Ste-Catherine mais font couler beaucoup d’encre depuis plusieurs mois. Le dernier fait nouveau remonte à deux semaines, alors que Le Soleil a dévoilé que le coût total des deux bâtiments est grimpé à 324 M$.

En 2011 selon le contrat conclu entre le chantier Davie et la Société des traversiers du Québec (STQ), la facture s’élevait à 125 M$. Comment se fait-il, sept ans plus tard, que la facture ait plus que doublé ?

Gestion déficiente

Le député de René-Lévesque Martin Ouellet conclut à une piètre gestion de la Société des traversiers du Québec dans la planification de ce dossier. « Ce n’est nullement la faute de la Davie. La STQ a sous-estimé les besoins, les exigences ont changé en cours de route et pour finir le ministère de l’Économie a dû retirer le dossier à la STQ puisque la chicane était prise entre les deux », résume-t-il.

Pour Martin Ouellet, il est indéniable que si on avait utilisé les bonnes données en 2009, à savoir le coût réaliste de construction des deux navires versus le coût pour un pont à deux voies dans le secteur La Boule, au lieu d’un estimé irréaliste de 125 M$ pour les traversiers et un pont à 1 milliard, nous n’en serions pas là aujourd’hui. « La comparaison était erronée. On a comparé des pommes avec des oranges ». D’autant plus estime-t-il, qu’avec un pont aujourd’hui évalué à 500 M$, on règle le problème des approches des deux côtés de la rivière Saguenay et plus particulièrement à Baie-Ste-Catherine où la sécurité des usagers est discutable. « Ça nous donne des arguments pour un pont c’est certain et sur 100 ans, ce serait beaucoup plus rentable ».

La STQ dans la mire de la VG

Néanmoins, la lumière sera faite sur les problèmes de reddition de compte et de gestion soulevés à la STQ. Au cours des six prochains mois, la vérificatrice générale (VG) Guylaine Leclerc, se penchera sur la gestion de la Société des traversiers du Québec, dont les contrats qu’elle a octroyés pour la construction des deux navires. « Elle aura beaucoup de choses à questionner mais on va attendre le rapport avant de condamner qui que ce soit sur la place publique. Madame Leclerc fait un travail rigoureux et j’ai bien hâte d’en prendre connaissance ». Le député de René-Lévesque souhaite que les navires en construction soient redirigés du côté de Sorel-Tracy « afin que les contribuables ne perdent pas au change ». Il semble que l’on ait songé à assigner les traversiers à Québec-Lévis mais que la capacité de 110 véhicules soit inappropriée pour le secteur du Vieux-Québec, déjà aux prises avec des problématiques de congestion. « À Sorel-Tracy ce serait idéal, puisque les bateaux sont plus vieux bien que moins utilisés qu’à Tadoussac-Baie-Ste-Catherine », conclut M. Ouellet.

Une question de logique

Le préfet de la MRC de La Haute-Côte-Nord Donald Perron, parle de cafouillage monumental en ce qui concerne les coûts des nouveaux traversiers. « Ils disent que le Armand-Imbeau II sera livré en juin. Ils vont rôder ce bateau-là en pleine saison touristique ? Je ne comprends pas la logique du gouvernement. Puisqu’avec les approches à refaire des deux côtés, ça va coûter plus cher qu’un pont », déplore le préfet.

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