Population hivernale d’orignaux – Plus nombreux mais moins productifs

Par Shirley Kennedy 24 février 2019
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Selon Catherine Thibeault du MFFP, c’est dans le secteur Forestville-Les Escoumins que la densité de la population d’orignaux est la plus élevée. Photo courtoisie

Selon Catherine Thibeault du MFFP, c’est dans le secteur Forestville-Les Escoumins que la densité de la population d’orignaux est la plus élevée. Photo courtoisie

Forestville – Les récents relevés du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) indiquent que la population hivernale des orignaux dans la zone 18, a considérablement augmenté en terme de densité. Une majoration approximative de 80 % par rapport au dernier inventaire réalisé en 2006.

Sous la responsabilité des biologistes et techniciens de la faune du ministère, la collecte des données réalisée entre le 16 janvier et le 10 février 2018, a permis d’inventorier du haut des airs, 62 parcelles de 60 km2.

Les informations recueillies ont permis d’estimer la population hivernale totale d’orignaux à plus de 6 100 individus, soit une augmentation d’environ 80 % par rapport au dernier inventaire de 2006, où le nombre était estimé à 3 350. « La densité de population d’orignaux est donc passée de 1,32 par 10 km2 en 2006 à 2,38 par 10 km2 en 2018 », précise Catherine Thibeault de la Direction générale du secteur nord-est au MFFP.

Cette dernière confirme également que la densité de population est plus élevée dans la partie ouest de la zone 18, soit dans les secteurs de Forestville et des Escoumins, où la qualité de l’habitat avantage l’orignal.

Stabilisation dans la zone 18

Depuis 2007, la récolte à la chasse à l’orignal pendant les années permissives, c’est-à-dire où les mâles, les femelles et les faons sont permis, est passée de 922 à 1 313. Malgré cette hausse, le succès de chasse semble toutefois s’être stabilisé depuis 2013 autour de 17 % lors des années permissives et de 12 % lors des années restrictives.

Nuance et prudence sont de mises

« Ces observations peuvent s’expliquer par l’évolution de la productivité », précise Catherine Ayotte, biologiste au MFFP. En 2006, la productivité s’élevait à 48,5 faons par 100 femelles, ce qui a eu pour effet d’accroître la population d’orignaux dans la région dans les années subséquentes. En 2018, ce nombre passe à 34,4, ce qui laisse présager une stabilisation ou une éventuelle diminution. En effet, pour garder une population en croissance, le nombre de faons par 100 femelles devrait se maintenir au-dessus de 40. « Ce n’est pas la hausse de 80 % qui va influencer le prochain plan de gestion, prévient-elle, mais plutôt le fait qu’il y a eu un ralentissement de la croissance de la population, il faut évaluer quelles en sont les causes ».

Depuis 1999, un principe d’alternance permet de protéger la femelle orignal une année sur deux dans la zone 18. Ce changement réglementaire a mené à une augmentation de la population d’orignaux et à l’atteinte de records de récolte à la chasse, autant dans les années permissives que restrictives. Par contre, la saison de 2018, une année restrictive, est marquée par une baisse de 7 % comparativement à 2016. Avec 833 orignaux abattus, il s’agit de la plus faible récolte depuis 2012.

Poursuite des objectifs du Plan de gestion de l’orignal 2012-2019

L’objectif du plan de gestion dans la zone 18 était d’atteindre une densité de 2,2 orignaux par 10 km2 en 2019. Bien que cet objectif ait été atteint, la pression constante de la chasse sur les mâles et la faible productivité freinent l’augmentation de la densité de population. Les résultats de l’inventaire seront donc pris en considération lors de l’élaboration du prochain plan de gestion de l’orignal. « Si on constate que le principe d’alternance ne suffit plus, on évaluera, il est encore trop tôt pour affirmer quoi que ce soit. Nous allons continuer de suivre les données de chasse et de récolte. Il nous reste à chercher la cause de cette chute de productivité », conclut la biologiste, qui mentionne au passage que la grosse pression subie par les mâles lors de la chasse peut être une donnée qui influence la baisse de la productivité.

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