Faites comme chez vous qu’ils disaient!

Par Shirley Kennedy 7:55 AM - 30 janvier 2020
Temps de lecture :
Benoît Schottey et Nathalie Belluye résident à Tadoussac avec leur fils Nicolas. Leur fille aînée Maélys habite aux Bergeronnes alors que leur fils Kilian poursuit ses études d’ingénierie en France.

Benoît Schottey et Nathalie Belluye résident à Tadoussac avec leur fils Nicolas. Leur fille aînée Maélys habite aux Bergeronnes alors que leur fils Kilian poursuit ses études d’ingénierie en France.

Retour en 2016. Dans l’espoir d’un avenir meilleur, les Schottey quittent les vieux pays pour s’établir au Québec afin de fuir les conditions climatiques plus difficiles et la recrudescence de la violence.

Pour immigrer au Canada, Nathalie Belluye fait un retour aux études. Elle s’engage à compléter un minimum de 1 800 heures dans le cadre d’une attestation de spécialisation professionnelle (ASP) précédée d’un diplôme d’études professionnelles (DEP).

Un nouveau projet de vie qui repose sur ses épaules. « Je prenais ma famille sous mon aile, et ça donnait l’autorisation à mon mari de travailler et à Nicolas d’aller à l’école. »

Le couple s’installe à Donnacona pour entamer sa nouvelle vie au Canada. Pendant que Nathalie est en classe, Benoît occupe un emploi de superviseur de production dans une entreprise de la région.

Un beau jour, en consultant les offres d’emplois, ils constatent qu’une entreprise de la Côte-Nord est à la recherche d’un électrotechnicien, le domaine d’études de Benoît.

L’aventure nord-côtière

Après avoir tiré un trait sur leur vie, quitté la mère patrie, traversé l’Atlantique dans l’espoir d’un futur paisible, pourquoi ne pas pousser l’aventure jusqu’en Côte-Nord ? Là où le souffle des baleines ne fait qu’un avec les nuages de mouches noires et la beauté sauvage des grands espaces.

Monsieur part en éclaireur, préparer le nid familial. Nathalie et Nicolas 11 ans, suivent trois mois plus tard. Séduite, madame met les choses au clair. « J’ai dit à mon mari : okay, ce sera le Québec, mais ce sera Tadoussac. Je suis tombée en amour avec la Côte-Nord, même s’il fait froid. »

Une décision qu’ils n’ont jamais regrettée. La chaleur légendaire des Nord-Côtiers et de la grande famille Boisaco, nouvel employeur de Benoît, réchauffe le cœur de la famille Schottey, cette petite famille française, qui avec audace et vaillance, nous a choisis.

Pendant huit mois, Nathalie se tape les allers-retours Tadoussac-Québec pour terminer son ASP en secrétariat médical au CFP de Fierbourg, afin de respecter son engagement envers sa terre d’accueil.

« J’ai eu mon diplôme à la fin août et la logique voulait que je fasse une demande d’immigration post-diplôme. »

En échange de sa formation, Québec s’attend à ce que Nathalie s’établisse et travaille dans la belle province. Un retour d’ascenseur quoi. Sauf que l’ascenseur est remonté à l’étage d’Immigration Canada sans vraiment s’arrêter au rez-de-chaussée de la chaumière des Schottey au préalable.

Trois mois plus tard, le 30 novembre plus précisément, Immigration Canada exige une attestation de l’établissement d’enseignement afin de confirmer le diplôme obtenu et le nombre d’heures cumulées. Excès de zèle me direz-vous. Poser la question c’est y répondre. « Ils l’avaient pourtant sous les yeux. Néanmoins, nous avions jusqu’au 9 décembre pour acquiescer à leur demande. »

Erreur de frappe et tout bascule

Malheureusement, les Schottey ne sont pas au bout de leur peine. Au lieu de faire mention d’une attestation de spécialisation professionnelle, l’employée confirme plutôt un diplôme d’études professionnelles. « Deux DEP de suite ce n’est pas valable. D’autant plus qu’un DEP en secrétariat médical ça n’existe pas. »

Nathalie et Benoît sont avisés, en trois exemplaires plutôt qu’un, que leur demande d’immigration est refusée. Puisqu’un malheur ne vient jamais seul, la personne responsable de la décision a effacé les Schottey du système. C’est le néant total.

Nicolas ne peut plus aller à l’école, expulsion immédiate. Les parents sont dévastés et l’enfant ne comprend pas ce qui lui arrive. « Maman, je n’ai pas fait de bêtises moi. » Non Nicolas, tu n’as rien fait. La bêtise dans ce cas, se trouve quelque part dans le dédale administratif d’Immigration Canada. « J’ai demandé au Bon Dieu pour une fois dans ma vie, si quelqu’un peut me tendre la main. Ils ne m’ont pas tendu leurs mains, ils m’ont donné leurs bras. », lance Nathalie avec gratitude.

Collègues, cadres de la fratrie Boisaco tels Steeve St-Gelais le président et le bienveillant Gilles Lamarre, directeur des Ressources humaines, les députés Martin Ouellet et Marilène Gill, maires de Sacré-Cœur et Tadoussac, tout ce beau monde se mobilise autour de la famille Schottey. Ils ne sont plus seuls dans leur malheur.

Appuyés par la loi sur le droit à l’éducation, Nicolas peut retourner à l’école. « Les lois du Québec sont bien faites, elles sont là pour protéger nos enfants », relate la mère de famille. Il y a des limites à l’injustice…

Pour Nathalie et Benoît c’est plus complexe. Ils n’ont plus de permis de travail. Ils ne sont plus autorisés à gagner leur vie tant que le dossier ne sera pas réglé.

Au cours des prochains jours, une délégation de plusieurs députés de la Côte-Nord remettront en main propre le dossier des Schottey à Ottawa, afin de démontrer la gravité du problème.

À court terme, Nathalie et Benoît aimeraient bien qu’on rétablisse leur statut. « Même si c’est injuste, je comprends. Mais qu’on nous laisse le droit de travailler. Ça fait 3-4 ans qu’on est au Québec. On ne fait pas de bruit, on paie nos impôts. On passe de famille normale à des parias de la société. Qu’on nous laisse travailler le temps qu’on rétablisse notre situation. »

Sur Facebook, a été initiée afin de venir en aide à la famille Schottey.

Partager cet article