Une expérience troublante à l’hôpital de Baie-Comeau

Par Johannie Gaudreault 10:00 AM - 13 mai 2020
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Selon le porte-parole du CISSS Côte-Nord, Pascal Paradis, les mesures de protection dépendent du milieu et des interventions. Courtoisie

Maryse Gagné, résidente de Longue-Rive, a vécu une expérience troublante à l’hôpital de Baie-Comeau, lors de son dernier examen en ophtalmologie le 5 mai. Mauvais service, absence de protection contre la COVID-19, « je me suis sentie comme un numéro », dit-elle.

Mme Gagné était déjà réticente de se présenter à l’hôpital pour un examen en pleine période de pandémie. Mais, à la demande de son médecin de famille, elle a dû faire un effort et s’y rendre tout de même. « Il était inquiet pour mes yeux, et effectivement, je dois subir une grosse opération », indique-t-elle.

Son cauchemar a commencé après sa rencontre avec la première infirmière. Jusque-là tout allait assez bien. « J’étais à deux mètres d’elle, elle m’a bien réalisé mon examen, mais je n’avais pas de masque », raconte Maryse Gagné.

C’est lorsque la deuxième infirmière est entrée dans le bureau que tout a déboulé. « Quand je l’ai aperçue dans le bureau, je lui ai demandé un masque, elle m’a répondu bêtement qu’ils les gardaient et n’en remettaient pas aux patients », d’affirmer la Longuerivoise, surprise, puisqu’il y a quelques semaines, pour sa mammographie, elle en avait reçu un.

« Elle m’a mis les mains dans le visage, j’ai dû mettre mon menton et mes yeux sur une machine, que je n’ai pas vu être désinfectée. J’avais peur », se souvient Maryse Gagné, un tremblement dans la voix en relatant son histoire.

Une fois le test de vision terminé, c’est au tour de l’ophtalmologiste « de faire des siennes. » La rencontre a débuté avec un « Assoyez-vous et ne touchez à rien. Gardez votre sac-à-main sur vous, bien sec. J’ai obéi et j’ai redemandé un masque », poursuit Mme Gagné.

Cette fois, la réponse a été encore plus désobligeante. « Nous ne donnons pas de masque aux patients. Si vous n’êtes pas contente, allez-vous-en », a répondu amèrement la docteure, selon la patiente qui était désespérée de se faire toucher avec des gants, les yeux pleins d’eau.

« J’ai eu de la peine, je me suis sentie comme un numéro. C’est une injustice et je ne veux pas que cela arrive à d’autres personnes », déclare-t-elle. En arrivant à la maison, Maryse Gagné a immédiatement enlevé ses vêtements pour les laver et elle est passée sous la douche.

Selon elle, il s’agit d’une preuve comme quoi le système de santé ne va pas bien. « Une journée, ils me donnent eux-mêmes un masque et des mesures de protection. La fois suivante, ils n’en donnent plus et ils ne font pas attention aux patients. Ça ne fonctionne pas », soulève Mme Gagné.

CISSS Côte-Nord
Du côté du CISSS Côte-Nord, on signifie que les mesures de protection « dépendent du milieu et des interventions », soutient Pascal Paradis, responsable des communications. « Dans une récente communication (4 mai 2020) concernant les cliniques d’ophtalmologie, le port du masque de procédure est recommandé pour les usagers et le personnel », poursuit-il.

La désinfection des équipements médicaux fait partie des procédures de prévention et doit être fait entre chaque rendez-vous, selon M. Paradis. « La désinfection se fait souvent entre les cas quand l’usager quitte ou entre deux salles. »

Le CISSS Côte-Nord refuse de commenter des cas spécifiques comme celui de Maryse Gagné.

Toutefois, le responsable des communications assure « qu’une vérification sera faite et que les correctifs appropriés seront apportés, au besoin, car les plus hauts standards sont constamment recherchés et modulés en fonction de l’évolution des recommandations d’experts ».

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