Permis de spectacles refusé à la microbrasserie

Par Johannie Gaudreault 9:00 AM - 20 mai 2020
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La Microbrasserie de Tadoussac s’est vu refuser sa demande de permis de spectacles par le conseil municipal. Une consultation publique aura toutefois lieu pour connaître le pouls de la population. Courtoisie

Les propriétaires de la Microbrasserie de Tadoussac voulaient innover et dynamiser leur secteur en demandant une modification de leur permis d’alcool pour celui autorisant les spectacles à la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec (RACJQ).

Ils se sont faits couper l’herbe sous le pied par le conseil municipal qui s’oppose à cette demande en déposant un projet de règlement prohibant les spectacles, boîtes de nuit, cabarets et discothèques dans la zone 09-CH, englobant la rue Bord-de-l’eau de la Maison Chauvin au GREMM.

« Je suis découragé par cette décision du conseil municipal. Notre objectif n’était pas de créer une discothèque, nous voulions seulement offrir de la musique d’ambiance sur la terrasse, avec un musicien local, qui voit ses revenus fondre présentement en raison de la pandémie », soutient le directeur général de la microbrasserie, Martin Fournier.

La coopérative respectait déjà la réglementation municipale pour le bruit. « Nous avons de bonnes relations avec tous les commerces et résidences autour. Le gîte derrière la microbrasserie appartient à la propriétaire de notre bâtiment. Elle ne nous autoriserait pas à organiser des shows avec de gros bands », insiste M. Fournier, précisant qu’il avait prévu de la lecture de poésie, ou encore des prestations de piano sur sa terrasse cet été.

Moteur d’innovation, la COVID-19 force les entreprises touristiques à se dépasser et à tenter d’offrir des services cette saison, de manière différente. « Nous avons la chance de pouvoir respecter la distanciation sociale sur notre terrasse. Nous en faisons même profiter les autres restaurants qui n’en ont pas, dont les clients viennent manger chez nous », dévoile le directeur général accablé.

« On dirait que c’est ciblé contre nous. On ne se sent pas appuyés par la municipalité, c’est triste. Aussitôt qu’on innove, on se fait taper sur les doigts », explique Martin Fournier en donnant pour exemple l’affichage de leur menu extérieur « trop gros pour la norme municipale », alors qu’il voulait seulement favoriser la distanciation entre les clients.

Raisons municipales

Selon le maire de Tadoussac, Charles Breton, le directeur général de la microbrasserie « a procédé à l’envers » pour son projet. « Habituellement, les promoteurs viennent nous rencontrer pour parler de leur projet. Mais avec la microbrasserie, c’est toujours la même histoire. Les entrepreneurs ne nous consultent pas et la demande nous arrive sans qu’on s’en attende », soutient-il en entrevue avec le Journal Haute-Côte-Nord.

Considérant qu’il y a déjà eu des pétitions pour faire cesser le bruit dans ce secteur, la municipalité a pris en compte l’avis de la population. « M. Fournier nous avait promis qu’il ne ferait pas de musique lorsqu’il a emménagé sur la rue Bord-de-l’eau. Il ne respecte pas ses promesses », lance le maire.

Le conseil municipal est toutefois ouvert à une entente. Un processus de consultation se mettra en place prochainement et « s’il faut virer notre chapeau de bord, on le fera, mais avec certaines conditions », assure M. Breton.

Le maire de Tadoussac a expliqué ce qui a poussé le conseil municipal à refuser la demande de la microbrasserie, le 11 mai. « Il y a déjà deux établissements qui possèdent des permis d’alcool autorisant les spectacles dans le secteur de la zone 09-CH (droits acquis). Nous trouvons que c’est suffisant en prenant en compte que des activités d’hébergement et des résidences sont situées tout près. »

De plus, selon le maire, « les spectacles amènent du positif, mais des irritants pour d’autres ». « Il faut conserver une harmonie entre les divers usages (résidentiel et commercial) afin de ne pas augmenter les irritants pour certains », a-t-il poursuivi.

Ce n’est pas seulement la microbrasserie qui n’approuve pas cette décision municipale. Le musicien local Éric Cyr, a demandé aux élus de réfléchir à nouveau sur le sujet. « Ne serait-il pas possible de trouver une zone grise? Il n’y a pas beaucoup d’endroits pour promouvoir la culture. Je cherche par tous les moyens de rester à Tadoussac et de vivre du milieu culturel », a-t-il mentionné.

Son projet avec la microbrasserie de Tadoussac vient de tomber à l’eau. Charles Breton s’est toutefois dit ouvert à trouver des solutions pour cette année. « Dans le cadre de l’année particulière, on pourra s’en parler », a-t-il conclu lors de l’assemblée municipale.

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