La pénurie de main-d’œuvre n’est pas uniquement la responsabilité de l’État, dit le ministre du Travail

Par Emy-Jane Déry 12:00 PM - 27 juillet 2021
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À Sept-Îles, des restaurateurs épuisés réduisent leurs heures d’ouverture, faute de personnel. Ils ne sont pas les seuls, la majorité des entreprises doivent composer avec cet enjeu, selon la Chambre de commerce.

Dans les dernières semaines, le ministre du Travail Jean Boulet est passé sur la Côte-Nord pour annoncer plus de 500 000$ visant à favoriser l’intégration durable en emploi des personnes éloignées du marché du travail.

Les jeunes, les femmes, les personnes judiciarisées, immigrantes, handicapées, Autochtones, ou les prestataires de l’aide sociale représentent tous une solution à la grave pénurie de main-d’œuvre que connaissent la région et le Québec en entier, selon le plan du gouvernement.

 « Ce n’est pas une responsabilité qui incombe uniquement sur les épaules de l’État », a affirmé le ministre Jean Boulet, en entrevue avec Le Nord-Côtier. « Ça prend un engagement et une implication de tous les partenaires du marché du travail, c’est la multiplicité des actions qui va nous permettre de lutter efficacement contre la pénurie de main-d’œuvre », a-t-il poursuivi.

Pour le ministre c’est clair, « il n’y a pas de solution miracle. »

Il note la réduction de la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE) qui est passée récemment d’environ 500$ à 300$ par deux semaines, comme étant un point favorable à l’amélioration de la situation.

Cette dernière a été pointée du doigt par de nombreux employeurs comme étant un frein à l’accès à de la main-d’œuvre. Ses prestataires doivent être à la recherche active d’un emploi et ne peuvent refuser une offre raisonnable, précise le ministre.

Compétition avec la grande entreprise

Les jeunes sont une solution clé, croit le ministre. D’ici 2028, ils répondront à 54% des besoins, avance-t-il.

Sur la Côte-Nord, la situation est particulière. Les gros salaires offerts aux jeunes par la grande industrie l’été viennent monopoliser une partie de ce bassin.

Face à cela, le ministre du Travail estime que les PME doivent faire preuve de créativité et investir dans l’amélioration des conditions de travail, pas seulement dans les salaires.

« Il y a des entrepreneurs de la Côte-Nord qui me disent : on investit dans eux et au bout de six mois, ils s’en vont ailleurs pour gagner 10 000 $ – 15 000$ de plus par année. Je leur dis : essayez de créer un environnement de travail qui est plus attrayant », a-t-il illustré.

Il cite en exemple des horaires flexibles, des mesures de conciliation famille-travail, des espaces d’entrainement, des climats de communication intéressants, ou encore des mesures de fidélisation des employés.

Les femmes

Québec voudrait également une meilleure intégration des femmes sur le marché du travail. Pour cela, il faudra certainement régler le problème de pénurie de garderies. Le ministre a rappelé l’annonce de 45M$ au printemps pour former 2 400 nouveaux éducateurs et éducatrices.

Le programme permettra aux participants de travailler trois jours au CPE et d’étudier deux jours au cégep, tout en étant payés pour cinq jours de travail. Au bout d’une année, ils seront titulaires d’une attestation d’étude collégiale en Technique d’éducation à l’enfance.

« On a travaillé avec le regroupement des CPE de la Côte-Nord. On peut aller chercher jusqu’à 23 000$ par participant », a-t-il dit.

N’empêche, ce n’est pas demain la veille que la problématique du manque de main-d’œuvre disparaîtra.

« On va connaitre ça encore jusqu’en 2030, le creux historique en termes de personnes au Québec entre 15 et 64 ans sera à son plus bas cette année-là », a indiqué Jean Boulet.

Le ministre invite les employeurs à se tourner vers Service Québec pour connaître tous les programmes d’aide du gouvernement à cet égard. Il est d’avis qu’ils sont souvent méconnus.

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