Doctorat honoris causa pour Guy Deschênes

Par Shirley Kennedy 12:00 PM - 13 octobre 2021
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Guy Deschênes recevra un doctorat honoris causa de l’Université Laval. Photo : Courtoisie

Visionnaire, figure de proue du secteur forestier nord-côtier, le fondateur et président de Boisaco, Guy Deschênes, recevra le 26 novembre, un doctorat honoris causa en sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval.

Après avoir reçu plusieurs distinctions significatives telles que le prix Henri-Gustave-Joly-de-Lotbinière de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec et la Médaille commémorative du 125e anniversaire de la Confédération du Canada, l’homme d’affaires originaire de Sacré-Cœur sera consacré par l’Université Laval qui rend hommage par cette distinction, à des personnalités dont le rayonnement est remarquable et exemplaire dans différentes sphères d’activités.

Parcours unique

C’est en 1985 que Guy Deschênes jette les balises d’un nouveau modèle d’affaires fondé sur le coopératisme afin d’assurer la survie de l’usine de sciage de bois résineux.

Ainsi est née l’usine Boisaco, devenue aujourd’hui l’un des plus importants producteurs de bois d’œuvre au Québec et dont la communauté et les travailleurs sont des actionnaires.

À sa manière et comme lui seul sait le faire, monsieur Deschenes a su, depuis la fondation de Boisaco, s’imposer comme l’une des figures les plus innovantes de l’industrie forestière canadienne.

Se greffent désormais autour de l’usine de sciage, quatre entreprises connexes, aussi basées sur le modèle coopératif.

L’usine de panneaux de fibres Sacopan et l’entreprise de fabrication de litière équestre Ripco, ainsi que l’usine de granules énergétiques Granulco, dont le quart des actions est détenu par la Première Nation des Innus Essipit, se consacrent toutes à la valorisation des résidus de sciage.

L’entreprise Bersaco, quant à elle, transforme le bois de feuillus, ce qui permet à Boisaco de s’approvisionner également dans les forêts mixtes.

Ce complexe industriel, entièrement créé à l’initiative de Guy Deschênes, représente un vertueux modèle de respect environnemental, de développement durable, de partenariat avec les Premières Nations, d’économie coopérative et de moteur régional au service de sa communauté.

Profondément engagé dans le développement du secteur forestier, notamment comme président de l’Association des manufacturiers de bois de sciage et comme cofondateur du Conseil de l’industrie forestière du Québec, Guy Deschênes est devenu une référence dans son domaine et est fréquemment consulté par les instances gouvernementales sur les questions forestières.

Se distinguant également par son désir de toujours concilier répartition des richesses et croissance sociale et économique, il a cofondé divers organismes, comme le Comité local de développement de la Haute-Côte-Nord et la Société d’aide au développement des collectivités.

Depuis 1864, l’Université Laval choisit des récipiendaires qui proviennent du monde universitaire ou de la société civile au Québec, au Canada et à l’international.

Seront également honorés cette année, Boucar Diouf, Christiane Germain, John Humbley, Marie-Odile Marceau, Yannick Nézet-Séguin et Léonard Wantchékon.

S’amuser en travaillant

« Ce matin, j’ai commencé à m’amuser il était 4 h 20 alors que j’envoyais mon premier courriel de la journée. Et ce soir, j’anime une rencontre. Je n’ai jamais travaillé, c’est une passion pour moi », confie monsieur Guy Deschênes.

À l’âge « comptable » de 77 ans, l’illustre Nord-Côtier se fie plutôt à l’âge du cœur, passé l’adolescence dans son cas, puisqu’il « déborde d’énergie ».

C’est avec surprise et humilité que le fondateur de Boisaco a appris de la bouche même de Sophie D’Amours, rectrice de l’Université Laval, qu’il recevrait un doctorat honoris causa le vendredi 26 novembre.

« J’étais surpris et ravi, je ne m’y attendais absolument pas, je n’ai jamais essayé de mériter une telle reconnaissance. J’ai dit au téléphone, vous vous trompez de personne », raconte le principal intéressé.

Outre son épouse Paryse et ses deux enfants, ce seront les étudiants en sciences du bois et de la forêt qui auront la chance d’entendre le discours de Guy Deschênes. Une allocution à laquelle il songe déjà et qu’il réserve bien évidemment en exclusivité à l’audience qui sera présente au Centre des congrès de Québec.

La grandeur dans la simplicité

« Selon le protocole, je suis invité à prononcer un discours qui s’adressera aux élèves des sciences du bois et de la forêt. Je leur transmettrai un message très bref mais significatif », précise-t-il.

Puisqu’il n’aime pas les choses compliquées et qu’il s’y perd, ce sera dans des mots simples qu’il entend s’exprimer pour « rejoindre les gens avec un peu plus de chaleur ».

Dans sa grandeur d’âme, Guy Deschênes laisse échapper quelques lignes directrices: « je veux leur dire que notre avenir nous appartient, que la vie est belle et généreuse, qu’il faut bâtir ensemble et que sur le plan social, on puisse faire équipe et construire peu importe les différences qu’on a entre nous ».

Être heureux dans ce qu’on fait

Toujours habité par la même passion, Guy Deschênes ne s’est jamais vraiment retiré complètement, oxygéné par les défis et son quotidien que le satisfont pleinement.

Vaquant à ses occupations plus dans l’ombre que jadis, Guy Deschênes se plaît dans l’incognito de ses interventions. « Le bruit pour moi, ça ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit ».

Entretiens, communications par courriels et conférences avec les partenaires américains du Groupe Boisaco, animent les journées de celui qui se fait un devoir à chaque mois, de signer personnellement les cartes d’anniversaires de tous les travailleurs et travailleuses des entreprises du groupe duquel il assure la présidence pour cinq d’entre elles.

« Les autres entreprises que nous avons mises au monde, nous en avons confié la présidence à d’autres personnes », explique-t-il.

Savoir se renouveler

Le capital humain a toujours fait partie de la philosophie entrepreneuriale de Guy Deschênes, d’où est né le modèle coopératif qui a fait école au Québec et ailleurs. Voilà la raison pour laquelle la pénurie de main-d’œuvre qui frappe le pays de plein fouet, attire particulièrement son attention.

« Ce sera notre défi. Il faudra se distinguer, être pro actifs, recruter, embaucher et surtout offrir à ces nouveaux travailleurs, des conditions qui répondent à leurs attentes », lance-t-il.

Visionnaire, créatif, imaginatif, Guy Deschênes s’emploie à le demeurer. Pour ce faire, il a développé des techniques personnelles qui lui permettent d’exercer ses facultés et d’énergiser son cerveau.

« Il faut inspirer les autres, ouvrir les horizons ». C’est ce qui l’a incité d’ailleurs à la mise en place de Sacré-Cœur en croissance via la société d’investissements Investra, propriété de plus de 400 actionnaires.

Un programme novateur de bourses pouvant atteindre jusqu’à 5 000 $ pour les étudiants et 18 000 $ pour les nouveaux entrepreneurs. Guy Deschênes est également impliqué dans Intrafor, une autre compagnie d’investissements majeure qui regroupe 381 actionnaires.

« Toutes ces relations, les communications et le déploiement requièrent énormément de temps et moi j’en ai à revendre ». Et le moment venu, l’homme d’affaires se transforme en capitaine et vogue sur des eaux plus calmes en compagnie de son épouse Paryse.

« Quand on a du temps les fins de semaine, le bateau est notre lieu de rassemblement intime. On arrive au bateau, on change complètement d’environnement. C’est un nouveau monde qui nous permet de décrocher, de réfléchir et de rêver ».

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