Qui recherche la lune, ne voit pas les étoiles

Par Shirley Kennedy 11:00 AM - 2 novembre 2021
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Le Club Le Plein d’Air a tenu son assemblée générale annuelle il y a deux semaines. Toujours en poste, les administrateurs sont Dave Delaunay, Ginette Plante, Louis Tremblay, Styve Gagnon et Roger Dumont. Photo : Courtoisie

La pandémie n’a pas eu que des effets pervers à certains niveaux, du moins sur la pratique des loisirs et sports extérieurs, surtout en région. À preuve, le Club de ski de fond Le Plein d’Air de Forestville, n’aura jamais autant eu le vent dans les voiles.

Près de 180 personnes de Forestville et des environs se sont procurés leur carte de membre 2020-2021 alors que 75 passes journalières ont trouvé preneurs. « Une année record depuis au moins 15-20 ans », se réjouit le président de l’organisme, Dave Delaunay.

Alors que les activités bénéfices ne sont plus à la mode de chez nous depuis presque deux ans, cette recrudescence de membres est plus que bienvenue au sein du conseil d’administration qui a pu reprendre son souffle après des années marathoniennes de course au financement, comme la plupart de tous les organismes à but non lucratif des petites agglomérations.

Malheureusement, l’accalmie fut de courte durée. Soumis à quelques bourrasques liées au futur tracé de la ligne électrique d’Hydro-Québec dans Forestville et un imbroglio de droits de propriété opposant un entrepreneur forestvillois et la Ville, le noyau de bénévoles fiables et disponibles du club ont éprouvé quelques sueurs froides au cours des 18 derniers mois.

Cependant, le malaise et l’apitoiement ont été de courte durée au sein de l’équipe du Club Le Plein d’Air, notamment grâce au leadership du capitaine Delaunay.

C’est que le président Delaunay n’en est pas à son premier barbecue. Et à l’image de son paternel qui s’est illustré en politique municipale pendant près de 30 ans, il n’est pas du genre à faire des courbettes à chaque virage. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, dit-on.

« La chicane concernant le chemin Guy-Ouellet ampute nos sentiers de 2,5 km. On a fait un contournement pour virer là. C’est mon job comme président de m’occuper de ça mais je trouve que c’est une drôle de manière de faire les choses. Je ne pensais pas que ça pouvait aller jusque-là ».

Quant au nouveau tracé de la société d’État qui sera à l’image de la ligne nouvellement érigée entre Portneuf-sur-Mer et Forestville en terme de largeur, ce n’est pas la meilleure nouvelle pour le Club Le Plein d’Air qui voit une de ses pistes vedettes, La Randonnée, amputée de 50 %, soit 3 kilomètres.

« Au moins ils ont fait un bout de chemin, au départ ils devaient passer par l’aéroport et devaient couper La Randonnée au complet ».

Puisqu’il préfère regarder le positif et qu’il « s’enfarge » pour ne pas dire jamais dans ses skis, Dave Delaunay dirige l’entrevue sur un programme de financement offert par l’URLS afin de favoriser les sports extérieurs en temps de pandémie qui a permis au Club de rénover le chalet d’accueil.

« On a eu un peu plus de 4 000 $ donc avec le travail bénévole on en a fait beaucoup. Il y a aussi Michel Lessard qui a travaillé comme un malade en débroussaillant les pistes », confie-t-il au Journal Haute-Côte-Nord.

S’arrimer avec la communauté

Un autre projet qui l’anime, est celui qui a vu le jour en collaboration avec Les Éclairs de l’école St-Luc.

« Pour que le projet fonctionne il fallait s’organiser avec la communauté. Donc ça nous a permis d’acquérir une motoneige, du matériel de débroussaillage et une dizaine de paires de skis, bottes et bâtons qu’on peut prêter ».

Mine de rien, c’est une jolie somme de 42 500 $ qui a été remise au club grâce aussi, à l’enseignant Gino Jean, la conseillère pédagogique au CSS de l’Estuaire, Nancy Ouellet, et NadySirois du CISSS de la Côte-Nord (volet communautaire).

La prochaine étape, c’est de convaincre le Club cycliste HCN pour faire la location de leur fatbikes afin d’élargir l’offre du club et ainsi augmenter la vente des cartes de membres.

« Par exemple les membres du club cycliste et du club de ski de fond pourraient utiliser les fatbikes gratuitement tandis qu’il y aurait un coût de location pour les non membres afin de défrayer l’entretien. Et ce serait la même chose pour les skis de fond », s’emballe l’enseignant en éducation physique.

Afin d’être en mesure de rencontrer les dépenses et ainsi assurer l’entretien exceptionnel des pistes, le Club Le Plein d’Air a résolu d’augmenter légèrement la carte de membre 2021-2022. D’ici le 1er décembre, la carte familiale (3 personnes et plus) coûtera 175 $, une augmentation de 25 $ par rapport à l’an dernier.

La carte adulte est augmentée de 15 $ et se vend 90 $ d’ici le 1er décembre alors que les étudiants bénéficient du statut quo, c’est-à-dire 25 $ pour la carte de membre annuelle. Après le 1er décembre, la carte familiale passera à 220 $, l’individuelle à 110 $ et l’étudiante à 40 $.

« On essaye de les augmenter graduellement. On a été un bon bout sans les augmenter et lorsqu’on l’a fait, ça a crié un peu. Mais le gaz augmente, ça coûte tout le temps plus cher et on n’a plus notre souper de moules qui nous aidait à payer le fuel. Je vais quand même voir avec Renato (propriétaire du Danube Bleu) ce qu’on peut faire, mais ce n’est pas évident remplir une salle en ce moment ».

L’achalandage de la saison dernière laissera assurément des traces pour le Club Le Plein d’Air. Du moins, le président l’espère ardemment, d’autant plus que la vente des 75 passes journalières laisse présager l’intérêt des gens des environs.

« On va peut-être recruter des gens de l’extérieur. On a de belles pistes », laisse-t-il tomber humblement.

En fait, les pistes du Club Le Plein d’Air ne sont pas belles. Elles sont « sur la coche » comme disent les jeunes. Le décor n’est pas beau. Il est féerique. C’est presque incroyable de penser qu’à quelques pas de la route 138, les amateurs de ski et de raquettes ont accès à ce petit paradis du plein air.

Dire qu’en ville les gens parcourent souvent des dizaines de kilomètres en voiture pour accéder à un tel privilège. Et pas à rabais croyez-moi. La longueur des sentiers est plus modeste à Forestville j’en conviens. Mais à titre comparatif et sans vouloir rien enlever aux autres organisations qui bénéficient d’adeptes en plus grand nombre et d’infrastructures plus élaborées, les Sentiers de la rivière Amédée à Baie-Comeau offrent 38,5 km de sentiers.

La carte familiale se vend sans prévente à 240 $ tandis que l’individuelle est à 125 $. Pour sensiblement la même offre en km damés que Baie-Comeau, le sentier des Caps de Charlevoix vend sa carte familiale en prévente à 387 $ et l’individuelle à 171 $.

Le déploiement du Club Le Plein d’Air est-il apprécié et utilisé à sa juste valeur? J’en doute. Mais on ne peut pas forcer les gens à prendre l’air, à bouger… ou à se faire vacciner.

On peut tout de même les inviter à essayer et à se réjouir qu’en place et lieu des sentiers du Club Le Plein d’Air, ne soit pas érigé un COSTCO ou un Walmart.

Ouvrir les yeux aux paysages qui nous entourent, à notre qualité de vie inégalée, voilà l’un des rares côtés positifs que nous a apporté la pandémie.

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