Liqueur alcoolisée à base d’aronia : un peu de Sacré-Cœur dans Saronia

Par Johannie Gaudreault 10:00 AM - 25 janvier 2022
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La copropriétaire de la Ferme L’Anse-de-Roche à Sacré-Cœur, Colette Filion, a découvert le potentiel de l’aronia il y a six ans. Photo : SEVA

Les agriculteurs de la Ferme L’Anse-de-Roche à Sacré-Cœur, Colette Filion et Bruno Lajeunesse, cultivent l’aronia (ou aronie) depuis plus de cinq ans, et ce, de façon biologique. On peut désormais goûter à leur culture dans la liqueur alcoolisée Saronia, créée par la distillerie Stadaconé de Québec.

Tout part du Verger d’Aronia de l’Île-d’Orléans, dont les deux producteurs ont contacté le copropriétaire de la distillerie Stadaconé, Jean-Pierre Allard, pour lui soumettre une idée d’alcool à l’aronia. Le projet ayant plu à l’homme d’affaires, il ne manquait qu’à trouver suffisamment de petits fruits pour produire sa recette.

« C’est là que je suis entrée en jeu, raconte Colette Filion, lors de son entrevue au Journal Haute-Côte-Nord. Gaétan Deschênes, un producteur d’aronias de Québec m’a mise en contact avec M. Allard puisqu’il n’avait pas assez de fruits pour répondre à la demande. J’ai donc vendu 2 650 kilos pour la production de Saronia. »

Selon Jean-Pierre Allard, le goût de Saronia est très difficile à décrire puisqu’il est unique. « Ça se boit très bien seul, sur glace, allongé avec un peu d’eau pétillante », de recommander dans un vidéo promotionnel celui qui espère avoir conçu un produit à potentiel international fabriqué à partir d’un fruit du terroir québécois.

Il est possible de se procurer la liqueur alcoolisée à l’aronia de Sacré-Cœur à l’Intermarché Hovington depuis le 13 janvier.

« Je n’y ai pas gouté encore », admet Colette Filion, précisant toutefois que son associé Bruno Lajeunesse l’a trouvé « excellent ». Le produit est également sur les tablettes des SAQ de la province.

La liqueur alcoolisée Saronia est disponible à la SAQ et à l’Intermarché Hovington de Sacré-Cœur. Photo : SAQ

D’autres partenariats

Ce n’est pas le seul partenariat qu’a entre les mains la Ferme L’Anse-de-Roche.

« Nous avons un projet avec une entreprise du Saguenay qui se penche davantage sur le côté médicinal de l’aronie. Il devrait se concrétiser cette année ou l’an prochain. Nous avons également fourni des petits fruits (aronies, camerises et cassis) à la nouvelle microbrasserie La Chasse Gardée de Sacré-Cœur », illustre Mme Filion.

De plus, l’entreprise agricole, qui cultive les petits fruits depuis 2010, transforme ses cultures pour faire ses propres produits. « On a développé quatre sortes de vin, soit un avec seulement de la camerise, un 50 % camerise et 50 % aronia, un 75 % aronia et 25 % camerise ainsi qu’un porto à la camerise avec des copeaux de bois », dévoile l’agricultrice sacré-coeuroise.

Au total, la Ferme L’Anse-de-Roche possède 176 acres de terrain à cultiver. Sur ceux-ci, près de 35 000 plants d’aronia ont été plantés.

« Ils ne sont pas tous de la même année puisqu’il faut un roulement », explique Mme Filion. Lors de la prochaine récolte, en septembre et octobre, entre 10 000 et 12 000 plants seront en production. « Il reste encore de la place pour d’autres cultures », ajoute-t-elle.

Quand ils se sont portés acquéreurs de l’entreprise agricole en 2010, les producteurs ont commencé par la plantation de camerises dès l’année suivante. « C’était un petit fruit très prometteur », souligne la copropriétaire qui a commencé à s’intéresser à l’aronia il y a environ six ans.

« C’est un autre petit fruit très intéressant puisqu’il est très résistant, premièrement. On peut le planter dans n’importe lequel sol, il n’est pas difficile à cultiver et il résiste bien à la sécheresse, plus encore que la camerise. On dit que chaque plant dure 100 ans », décrit-elle.

De plus, cette baie possède des propriétés médicinales que les Autochtones consomment depuis des lunes pour se soigner. « J’ai parlé avec des Innus d’Essipit qui m’ont confirmé que leur grand-mère utilisait l’aronia. Ça fait longtemps que ça existe », ajoute Mme Filion.

Si la production d’aronia est en émergence aux États-Unis, mais presque nulle au Québec, les producteurs de Sacré-Cœur y ont vu un potentiel indéniable.

La Ferme L’Anse-de-Roche cultive également des fraises et des framboises et plusieurs projets sont dans ses cartons. « On n’arrête pas de développer », conclut la copropriétaire.

Un pouvoir antioxydant

L’aronie ou aronia contient des quantités importantes de polyphénol liées au pigment rouge du fruit. Il s’agit de la même substance que l’on retrouve dans le vin rouge, mais en moindre proportion.

« Celle-ci joue, d’un point de vue médical, un rôle de premier plan, car elle permet une protection multiple du cœur et des artères : le polyphénol augmente l’élasticité artérielle, permet de réguler l´hypertension, et aide à réduire l’athérosclérose », explique la Pépinière Villeneuve sur son site Web.

Dans la lutte contre le cancer, les baies d’aronia sont devenues intéressantes pour les chercheurs parce qu’elles ont, par rapport à d’autres baies, une teneur significativement plus élevée d’anthocyanidines qui ont un pouvoir antioxydant très efficace.

Rappelons que les antioxydants, selon la définition du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, « aident à protéger les cellules du corps des déchets néfastes produits par l’organisme et causés par l’environnement ».

Ils jouent un rôle pour prévenir et contrer les maladies de cellules dégénératives (cancers, neurodégénérescence, cardio-vasculaire, etc.). La croyance populaire veut que les baies contenant les plus hauts taux d’antioxydants soient la canneberge et le bleuet. Or, l’aronia en possède presque le double.

L’aronia est une baie au pouvoir antioxydant. Photo : Courtoisie

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