Un roman inspiré des villages fantômes de la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 1:30 PM - 8 mars 2022
Temps de lecture :

Nicolas Delisle-L’Heureux a été charmé par les paysages de la Côte-Nord, ce qui a inspiré son roman Les enfants de chienne. Photo : François Couture

Pour l’auteur Nicolas Delisle-L’Heureux, la Côte-Nord s’est avérée une véritable source d’inspiration pour l’écriture de son deuxième roman Les enfants de chienne, publié le 22 février aux Éditions du Boréal.

Les villages fantômes que sont Labrieville et Gagnonville lui ont fait créer Val Grégoire, « sise dans une vallée touffue de la Betsiamites, en Haute-Côte-Nord, à une centaine de kilomètres au nord de Forestville, entre le Saguenay–Lac-Saint-Jean et le réservoir Manicouagan, pas si loin non plus, à vol d’oiseau, du Labrador ».

« En 2011, alors que j’étais sur l’assurance-emploi, je voulais voyager et je cherchais l’endroit le plus exotique au Canada où je pourrais aller. J’ai décidé d’aller au Labrador. Je me suis acheté mon premier char et je suis parti à l’aventure », raconte Nicolas Delisle-L’Heureux, en entrevue au Journal Haute-Côte-Nord.

Après avoir passé deux jours à Baie-Comeau, il a pris la route vers Fermont. C’est à ce moment que l’histoire a commencé à germer dans sa tête. « Le paysage se transforme tout au long du chemin et je me suis laissé inspirer par la nature. C’est comme ça que le roman est né », affirme l’auteur originaire de Gatineau.

Au cours de ce voyage, M. Delisle-L’Heureux a circulé par Gagnonville, dont il n’avait jamais entendu parler, et il a découvert également l’existence de Labrieville, au nord de Forestville. « J’étais inspiré par l’aspect fantôme de ces endroits-là », confie-t-il.

Dix ans plus tard, le fruit de ses voyages nord-côtiers a été officiellement lancé. L’écrivain, qui dit écrire très lentement, a pris le temps de bien peaufiner les aspects de son roman et, plus particulièrement, la scène de viol subie par l’un des personnages principaux.

« J’avais écrit cette partie avant le mouvement #Metoo, divulgue-t-il. Je voulais m’assurer que ce soit raconté avec délicatesse et, qu’à titre d’homme, ce ne soit pas mal vu de mettre des mots sur ce genre d’événement. Je l’ai fait lire par des femmes et j’ai vraiment travaillé ce passage important pour le reste de l’histoire. Je ne pouvais pas simplement l’enlever. »

Un trio exposé au drame

L’histoire est racontée à plusieurs moments de la vie des personnages, que ce soit l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Le trio d’amis soudés formé de Louise, Marco et Laurence finit par éclater à la suite de l’abus sexuel vécu par Louise.

« Chacun a suivi sa propre trajectoire, sans jamais échapper tout à fait à la force gravitationnelle de la tragédie, de la blessure jamais refermée », résume Nicolas Delisle-L’Heureux, qui habite à Montréal depuis plus de 20 ans.
La masculinité toxique et le sentiment d’étouffement dans sa ville font aussi partie des thématiques abordées dans le livre de 320 pages.

« On peut avoir ressenti, même en tant qu’homme, une pression de correspondre à ce modèle-là (masculinité toxique). Les personnages, autant Louise que Marco et Laurence, pour des raisons différentes, sont touchés par ce modèle et se sentent pris avec ça », dévoile l’auteur précisant que l’histoire n’est pas inspirée de faits vécus, mais consiste vraiment en de la fiction.

Coordonnateur du Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles, Nicolas Delisle-L’Heureux détient un baccalauréat en travail social. « Le fait de travailler dans le milieu communautaire me permet de bien comprendre la réalité des personnes qui vivent avec le stress de la pauvreté, même si ce n’est pas le thème de mon roman », estime-t-il.

Selon lui, les personnages sont une des forces du roman. « Les trois personnages principaux sont riches, denses et ils ont leurs contradictions tout étant cohérents, admet l’écrivain. Quant aux personnages secondaires, ils sont attachants. Je voulais être juste et équitable envers eux, même s’ils n’ont pas tous un beau destin. »

Le lancement du livre est prévu de façon officielle le 14 mars dans un bar de Montréal. Il est toutefois disponible dans toutes les librairies de la province depuis le 22 février.

Aucune suite n’est planifiée pour Les enfants de chienne, mais l’auteur ne met jamais l’écriture de côté très longtemps. Celui-ci planche déjà sur de nouveaux projets, à son rythme, tout en menant à bout de bras son organisme communautaire qui souffre lui aussi de sous-financement gouvernemental.

Partager cet article