Contrôle animalier : la Haute-Côte-Nord laissée à elle-même

Par Johannie Gaudreault 10:00 AM - 24 mai 2022
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Le règlement Haute-Côte-Nord relatif aux animaux prévoit un nombre maximal d’animaux pouvant être adoptés par résidence et la tenue d’un chien en laisse dans les endroits publics, par exemple. Photo : iStock

Le contrôle animalier pose problème depuis plusieurs années pour les municipalités de la Haute-Côte-Nord qui doivent faire respecter un règlement à leurs citoyens. Mais depuis quelques mois, la situation s’est détériorée puisque plus aucun service n’est offert en ce sens sur le territoire.

La préfète de la MRC de La Haute-Côte-Nord, Micheline Anctil, reconnaît qu’il y a un besoin pour ce service, mais « nous sommes sans option», dévoile-t-elle en entrevue au Journal Haute-Côte-Nord.

Auparavant, les municipalités se tournaient vers l’organisme baie-comois Le Chapitou, qui est un refuge animal.

« En raison du manque de personnel, l’organisme a mis fin à l’entente avec nous (Ville de Forestville). Nous avons donc bénéficié des services de l’entreprise Extermination Sirois de Tadoussac, qui nous offrait d’ailleurs un excellent service. Ce dernier a toutefois quitté la région nous laissant encore en découverture », raconte la préfète.

Les élus de la Haute-Côte-Nord ont donc, en grande majorité, mandaté la SPCA de Charlevoix pour faire le boulot du contrôle animalier sur leur territoire. L’organisme a lui aussi jeté la serviette par manque de personnel et d’espace pour loger les animaux capturés.

« Nous avions fait une intervention intensive sur la rue Albert à Forestville. Plus de 40 chats ont été capturés et ils étaient en piteux état. Ç’a été le coup fatal, je crois », estime Mme Anctil qui précise que l’objectif des SPCA n’est pas d’euthanasier les animaux, mais bien de les soigner et de les retourner en adoption.

SPCA Haute-Côte-Nord

C’est alors qu’est devenue encore plus indispensable la création d’une SPCA en Haute-Côte-Nord.

Le projet est dans les cartons de la Ville de Forestville depuis plusieurs années. Il y a d’ailleurs déjà eu des développements en ce sens, mais les démarches fastidieuses ont découragé les bénévoles.

Annie Soucy de Portneuf-sur-Mer faisait partie des administratrices. « Nous avions seulement quelques bénévoles, c’était beaucoup trop de frais payés de notre poche, beaucoup de temps donné et pas d’aide des municipalités », admet-elle.

Elle dénonce aussi le manque de sensibilisation chez les citoyens.

« Ceux qui détestent les chats nous suggéraient en pleine réunion municipale de régler la situation avec un douze (fusil de chasse) et que ça ne coûterait pas une cent », déplore Mme Soucy qui soutient que le découragement a fait en sorte que le petit comité « a tout laissé tomber ».

Pour Micheline Anctil, l’implantation d’une SPCA sur le territoire demeure tout de même un moyen sûr de faire le contrôle des animaux ainsi que de la sensibilisation auprès de la population.

« Les critères sont fort importants. On y retrouve par exemple l’obligation d’y avoir un vétérinaire attitré. Cette main-d’œuvre est rare dans la région et ceux qui exercent présentement sont surchargés », témoigne-t-elle.

Les élus n’abandonnent toutefois pas l’idée, mais « les citoyens doivent comprendre que ça ne se fait aussi facilement qu’ils le croient », clame la préfète.

Elle rappelle également que les employés municipaux ne peuvent plus procéder au contrôle des animaux comme dans les années passées.

« On faisait euthanasier nos animaux à la Ville, maintenant ce n’est plus de cette manière que ça fonctionne, souligne-t-elle. Il y a des normes strictes à respecter. »

Contactées par le Journal, les autres municipalités de la Haute-Côte-Nord ont été appelées à témoigner au sujet du manque de service pour le contrôle animalier sur leur territoire.

À Portneuf-sur-Mer, très peu d’interventions ont été réalisées dans les dernières années (1 en 2020) pour les animaux errants, selon le directeur général, Simon Thériault.

« Le conseil municipal appuiera fort probablement les démarches faites au niveau régional ou à la MRC pour se doter d’un organisme pouvant gérer le dossier du contrôle et de la gestion des animaux errants », fait-il savoir.

À Colombier, c’est le même son de cloche. « Heureusement, il n’y a pas beaucoup d’animaux errants. Mais c’est arrivé que nous ayons dû aller porter l’animal au refuge Chapitou à Baie-Comeau, à nos frais. C’est certain que la création d’une SPCA en Haute-Côte-Nord serait l’idéal », déclare la directrice générale Milaine Charron.

Cette dernière divulgue avoir déjà contacté la SPCA de Sept-Îles sans suivi. « J’ai déjà eu des plaintes pour des animaux sur notre territoire qui n’étaient pas gardés en bonne condition et même si nous avons communiqué avec la SPCA de Sept-Îles, elle n’est pas intervenue », confirme-t-elle.

Point de vue des citoyens

Appelée à témoigner via les réseaux sociaux du Journal Haute-Côte-Nord, la population territoriale va dans le même sens que les élus.

« C’est essentiel l’importance de la SPCA sur la Côte-Nord. L’hiver particulièrement, je vois beaucoup de chats errants en difficulté », dit Nicole Garneau des Bergeronnes.

Pour Nathalie Bergeron des Escoumins, il est clair que la création d’une SPCA est cruciale. « Bien sûr que le service manque. Il y a plein d’animaux de compagnie errants », ajoute-t-elle.

Quant à Linda Labbé de Tadoussac, elle recommande plutôt « un refuge sans euthanasie » plutôt qu’une SPCA.

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