La Ferme 5 Étoiles prend le taureau par les cornes

Par Renaud Cyr 7:00 AM - 30 mars 2023
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Les nouvelles employées de la Ferme 5 Étoiles sont accompagnées du copropriétaire, Jimmy Deschênes. Photo : Courtoisie

La Ferme 5 Étoiles redéploie ses ailes après les lentes années de pandémie. En plus d’élargir son éventail d’activités touristiques et récréatives, l’entreprise sacré-cœuroise adresse et déjoue le problème du manque d’employés par des actions concrètes.

Grâce à l’aide de plus d’une dizaine de travailleurs issus de l’étranger, la Ferme 5 Étoiles a opéré à pleine capacité pour la saison d’hiver de même qu’à l’aube de la saison des sucres. En prévision de la haute saison qui s’annonce fort occupée, l’équipe prépare lentement mais sûrement sa saison estivale.

La direction qui souhaitait depuis plusieurs années confier son restaurant à des chefs restaurateurs, a réussi son pari cette année.

« On avait arrêté les soupers en 2017 en ne gardant que les déjeuners jusqu’en 2019. Avec la pandémie, nous avions tout fermé », raconte Yanick Morin, directeur et copropriétaire de l’entreprise familiale.

Deux chefs originaires de France ont pris place dans la cuisine du restaurant, arrivés dans la région vers la fin de l’année 2022.

Le restaurant, avec sa capacité de 230 places, peine à répondre à la demande. « Il reste quelques places ici et là, les réservations et les forfaits avec les repas traditionnels de cabane à sucre s’envolent très vite », affirme l’homme d’affaires avec fébrilité.

Agir concrètement

Le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme dévoilait que 14 % des postes vacants de la province étaient dans l’industrie du tourisme pour le premier trimestre de 2022. Ce taux a triplé comparativement à son équivalent pré-pandémique.

Questionné sur ses impressions sur la pénurie de main-d’œuvre, Yanick Morin répond du tac au tac : « Je crois que nous sommes au fond du baril », soupire-t-il.

« C’est en prenant des actions concrètes que l’on obtient des résultats », soutient-il. En plus de la dizaine de travailleurs en provenance de France et le reste de l’équipe qui compte pour une vingtaine d’employés, trois nouvelles travailleuses ont été embauchées au mois de mars.

Les trois nouvelles employées proviennent de Tunisie et du Maroc, et occupent des places à l’entretien ménager avec des contrats de deux ans.

« Elles ne sont arrivées que très récemment », explique Yanick Morin. « Pour l’instant elles se plaisent bien ici, et elles aiment leur travail », rapporte-t-il.

Tous les employés de la ferme résident à Sacré-Coeur, au plus grand plaisir de M. Morin.

« Tout le monde bénéficie de l’ajout de travailleurs, car ils mettent de l’essence dans leur véhicule, ils marchent dans le parc, et ils achètent de la nourriture », se réjouit-il. « Ça fait rouler l’économie de la région », conclut-il.

Bonne saison malgré la COVID-19

Située à l’angle des sentiers de motoneiges 93 et TQ-3, la Ferme 5 Étoiles a accueilli environ 300 motoneigistes en provenance des régions avoisinantes durant la saison froide.

Ce nombre correspond à une année dite normale, mais c’est au niveau de la clientèle internationale que le manque s’est fait le plus ressentir pour la saison hivernale.

« Il y a eu une baisse de nombre de visiteurs d’Europe comparativement à 2019. On a réussi à s’en tirer tant bien que mal avec la clientèle nationale, mais nous avons constaté une diminution de 25 à 30 % par rapport aux activités de randonnées de motoneiges et de traîneau à chiens », dévoile Yanick Morin.

Au mois de mai, les activités de location de kayak, de véhicules tout-terrain et de chalets en bordure du Fjord-du-Saguenay reprennent, et le directeur compte sur l’arrivée de groupes scolaires pour remplir son calendrier printanier.

Unique en Haute-Côte-Nord

Le Centre de vacances fondé par Claude Deschênes a bien évolué depuis sa fondation en 1988. L’ajout progressif d’activités comme les randonnées en traîneaux à chiens, la location de motoneiges, de sentiers balisés et d’un restaurant, a amené la Ferme 5 Étoiles à devenir un pionnier de l’industrie touristique de la Côte-Nord.

« On a toujours voulu faire quelque chose d’unique », précise avec fierté Yanick Morin. « Des centres de vacances avec hébergements et activités, il y en a beaucoup. Mais un centre comme le nôtre avec la présence d’animaux et d’activités basées autour de leur présence, il n’y en a pas beaucoup », raconte-t-il.

Loin de s’asseoir sur ses lauriers, Yanick Morin partage au Journal sa vision de développement à long terme.

« Nous avons déjà des sentiers pédestres et des pistes pour les bicyclettes régulières et hors pistes, mais nous voulons les rallonger grâce à un partenariat avec Canopée Lit dans le futur », dévoile le directeur.

Étable éducative

Le prochain projet de la ferme pour bonifier l’offre touristique sur son site devrait voir le jour en 2024. Une étable éducative centrée autour de l’interprétation de la vie animale prendra place dans la grange de la ferme, qui sera rénovée et réaménagée.

« Nous travaillons là-dessus depuis environ 1 an et demi », raconte Yanick Morin. « Le bien-être animal a toujours été important pour nous, et nous voulons exploiter l’aspect interactif et interprétatif dans l’étable », dévoile-t-il.

L’administration devrait recevoir les plans conçus par un consultant et un architecte au mois d’avril prochain, afin d’aller de l’avant avec les travaux durant l’année qui vient.

Les secrets pour durer

Les entreprises touristiques ne sont pas à l’abri des modes et des tendances culturelles qui déterminent leur popularité auprès du public, comme les établissements de restauration ou les commerces de détail.

L’engouement initial des premiers temps peut vite laisser place au rétrécissement économique, voire à la fermeture d’un établissement.

L’administration de la Ferme 5 Étoiles prend à bras-le-corps les difficultés passagères et trouve des moyens concrets pour assurer sa pérennité.

« Ce qui fait notre force, c’est notre accueil et le fait que nous sommes à l’écoute des clients », laisse tomber Yanick Morin.

« Nous avons plusieurs employés qui travaillent avec nous depuis plus de vingt ans. Pour une entreprise comme nous, c’est très facilitant », rapporte le sacré-cœurois.

« Nous avons demandé à tous nos employés s’ils étaient d’accord pour ajouter quelques heures de corvées ménagères à leur horaire pour aider l’équipe de ménage qui n’affichait pas complet », raconte M. Morin.

« Tout le monde à l’unanimité a accepté », se rappelle-t-il avec fierté.

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