Début des 75 jours les plus meurtriers sur les routes de la Côte-Nord

Par Emy-Jane Déry 2:40 PM - 20 juin 2023
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Croix en bordure de la route 138, en mémoire des personnes décédées.

C’est 40 % des décès de l’année, sur les routes de la Côte-Nord, qui sont survenus entre la Saint-Jean-Baptiste et la fête du Travail, en 2022. Pour l’ensemble du Québec, CAA appelle cette période « les 75 jours les plus meurtriers ». 

Le phénomène semble revenir année après année.

En 2020, il y a eu cinq décès sur les routes de la Côte-Nord. Là-dessus, trois sont survenus durant la période estivale des « 75 jours ». En 2021, on a rapporté trois décès, dont deux durant les semaines critiques. En 2022, sur les 15 vies perdues sur les routes nord-côtières, six des accidents se sont produits entre la Saint-Jean-Baptiste et la fête du Travail. 

Quand on se penche sur le portrait global, on note que la tendance concerne particulièrement les régions touristiques, et non les grands centres, souligne Marco Harrison, directeur de la Fondation CAA-Québec et expert en sécurité routière.

Six régions de la province ont vécu « leurs pires moments » au bilan des décès sur la route, durant ces semaines estivales charnières. La Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (6 décès), la Mauricie (12), le Saguenay–Lac-Saint-Jean (10), la Côte-Nord (6), Chaudière-Appalaches (8) et les Laurentides (18). 

Les véhicules de loisirs y sont plus nombreux. On transporte sa roulotte, son bateau. Sur une route qui rencontre comme la 138, l’impatience des automobilistes peut devenir particulièrement dangereuse. 

« Si vous avez des gens qui sont habitués d’utiliser un réseau d’autoroutes et qui arrivent sur une route en rencontre, souvent, ce sont les gens qui vont être le plus enclins à devenir impatients, car ce n’est pas une situation habituelle pour eux », souligne M. Harrison. 

En plus des touristes américains et européens, 57 % des Québécois passeront leurs vacances dans la province cet été, selon un récent sondage de CAA sur les intentions de vacances. 

L’achalandage sur les routes sera donc plus important durant les « 75 jours », prévient l’organisation. 

 « Les gens sont en vacances, mais ils sont impatients », déplore l’expert en sécurité routière. « Ils essaient de se rendre à destination le plus rapidement possible, alors que le trajet fait partie des vacances. Il n’y a pas de presse, pourquoi prendre des chances », lance M. Harrison. 

Les données de la Société de l’assurance automobile du Québec démontrent que 80 % des accidents mortels se produisent « en raison de comportements humains fautifs ». On parle de distractions, de la fatigue, des facultés affaiblies et de la vitesse. 

« Ils [les automobilistes pressés] vont faire une manœuvre, ou tenter un dépassement qui n’est pas dans les règles de l’art, qui peut devenir dangereux, jusqu’à un certain point. On s’expose et on expose les usagers à une collision frontale », conclut Marco Harrison. 

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