Déplacement de l’habitat des caribous: l’activité humaine en cause davantage que le climat
Courtoisie Dominic Grenier, MELCCFP
L’activité humaine a davantage d’impact sur l’aire de répartition du caribou que les changements climatiques, concluent des chercheurs qui se sont penchés sur la question. Les résultats de leur démarche scientifique ont été publiés récemment dans la revue scientifique Global Change Biology.
Cette recherche a permis de ” quantifier la contribution des changements climatiques sur le retrait nordique de la limite sud de l’aire de répartition du caribou forestier au Québec. La recherche en vient à la conclusion que “seulement 17% de ce retrait pourrait être attribuable aux changements climatiques “, soit une centaine sur un total de 600 kilomètres.
Ces conclusions infirment, selon Martin Hugues Saint Laurent, professeur et chercheur affilié à l’Université du Québec à Rimouski, les propos de certains groupes d’intérêt qui se plaisent à marteler que les changements climatiques sont les principaux responsables des difficultés rencontrées par les populations du cervidé.
Rappelons que le caribou des bois est classé dans la catégorie des espèces menacées en vertu de la Loi sur les espèces en péril depuis 2002 et vulnérable selon la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec depuis 2005.
Le climat, mais pas seulement
La “vraie régression vers le nord ” de l’aire de répartition des caribous a d’autres causes que le réchauffement climatique et celles-ci sont anthropiques, selon les chercheurs. “Le climat à lui seul ne peut expliquer pourquoi les caribous migrent lentement mais sûrement vers le nord” indique Martin-Hugues Saint-Laurent.
Le contenu de l’article ” Climate change alone cannot explain boreal caribou range recession in Quebec since 1850 ” a été dûment corroboré par la communauté scientifique. Ses conclusions justifient notamment, selon les auteurs, les démarches visant le rétablissement de certaines superficies affectées par les travaux sylvicoles dans l’aire naturelle “historique” de répartition du caribou.
” C’est la première étude à utiliser de façon conjointe les aires de répartition historique ainsi que des réanalyses climatiques afin de retracer les impacts des changements climatiques passés sur les modifications dans l’aire de répartition d’un grand mammifère. C’est aussi la première étude permettant d’apprécier l’impact des changements climatiques passés sur l’aire de distribution du caribou forestier, une espèce désignée sur la liste des espèces en péril au Canada “, commente Yan Boulanger, co-auteur et chercheur en écologie forestière à Ressources naturelles Canada.
À suivre
L’impact des changements climatiques ne doit pas être cristallisé par cette ” photo ” de l’état des lieux, insistent toutefois les chercheurs.
” Dans d’autres projets de recherche qu’on a menés en collaboration, Yan Boulanger et moi, nous avons fait d’autres études qui montrent que oui, les changements climatiques vont avoir un impact sur l’habitat du caribou à travers entre autres les régimes de feu, mais ces changements-là, d’ici quelques décennies, seront tout de même moins importants que l’altération de l’habitat par la coupe forestière. Donc, si on réduit la coupe forestière, on a une chance de conserver des habitats de qualité. (…) Ce que je trouve intéressant, c’est que ça permet de déboulonner en grande partie une hypothèse qui était véhiculée par différents groupes d’intérêt à savoir que le recul du caribou était exclusivement lié aux changements climatiques. On voit qu’effectivement, les changements du climat ont un rôle, mais ce rôle-là n’est pas prédominant “, conclut Martin-Hugues Saint-Laurent.
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