Le thon rouge adopte le Saint-Laurent

Par Johannie Gaudreault 2:16 PM - 18 octobre 2023
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Les thons rouges sont de plus en plus observés dans l’estuaire du Saint-Laurent. Photo courtoisie

Des thons rouges ont encore une fois été aperçus cette année dans l’estuaire du fleuve St-Laurent, notamment aux Escoumins, et ils sont là pour y rester. Les scientifiques de Pêches et Océans Canada (MPO) observent leur présence depuis une bonne dizaine d’années déjà.

Le Thunnus thynnus (ou thon rouge de l’Atlantique), qui a l’habitude vivre dans les eaux de l’Atlantique nord et des mers de l’Europe comme la Méditerranée et la mer Noire, est un grand migrateur et de surcroît la plus grande espèce de thon. Certains individus peuvent dépasser les 4 mètres de longueur et leur poids peut atteindre jusque dans les 800 kg.

La présence du thon rouge dans l’estuaire du Saint-Laurent devrait continuer à augmenter à mesure que la population se reconstitue, selon la conseillère en communications au MPO, Jennifer Murray.

« Les bancs de thon s’aventurent dans de nouvelles zones à la recherche de proies, ce qui explique probablement pourquoi il apparaît également avec une fréquence et une abondance accrues dans les eaux côtières de Terre-Neuve-et-Labrador depuis les 13 dernières années », explique-t-elle par courriel. 

De plus, une tendance au réchauffement est associée à l’augmentation du nombre de thons rouges juvéniles pénétrant dans le golfe du Saint-Laurent. Les experts ne mettent pas de côté les processus climatiques, qui suivent des échelles de temps décennales ou multidécennales, pour expliquer la présence du poisson.

« Le thon rouge migre de façon saisonnière dans le golfe du Saint-Laurent à la recherche de nourriture. Le lieu et la distance qu’il parcourt dans le golfe du Saint-Laurent sont liés aux conditions océanographiques ainsi qu’à la répartition et à l’abondance des sources de nourriture potentielles », ajoute Mme Murray.

Les analyses démontrent que le hareng de l’Atlantique, le maquereau et le lançon dominent le régime alimentaire du thon rouge lorsqu’il se trouve dans le golfe du Saint-Laurent, « mais étant un mangeur opportuniste, il adapte son régime alimentaire en fonction de la source de nourriture disponible ».

Par exemple, à Terre-Neuve-et-Labrador, la morue et le capelan sont des aliments populaires, tandis que dans la baie des Chaleurs, des thons rouges ont été capturés avec du bar rayé dans leur estomac. Les autres proies incluent le gaspareau, le homard, la crevette, le krill, le capelan, le calmar, et le balaou.

Notons que le thon est en concurrence avec les baleines, les oiseaux marins, les phoques et les poissons de fond pour la nourriture.

La population de thon rouge dans les eaux de l’océan Atlantique est représentée par deux stocks principaux, qui continuent tous deux à se reconstituer. « La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique estime actuellement que les stocks occidentaux représentent environ 55 % de la biomasse estimée en 1970 », commente la porte-parole. 

En ce qui concerne l’état des autres thons, tels que le thon blanc, la bonite à ventre rayé, le thon obèse et le thon à nageoires jaunes, seul le thon obèse de l’Atlantique a vu décliner sa population considérablement. « Il ne constitue pas une préoccupation en matière de conservation », assure Jennifer Murray.

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