La banquise autour de l’Antarctique se rétrécit de façon dramatique, dit un chercheur

Par Bill Graveland 7:00 AM - 22 octobre 2023 La Presse Canadienne
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Un chercheur de Calgary en Antarctique qui étudie la glace marine affirme avoir constaté lui-même l’ampleur de l’impact du changement climatique dans la région. Vishnu Nandan, à gauche, associé postdoctoral à l’Université de Calgary, et Robbie Mallett, de l’Université du Manitoba, utilisent un système radar au sol de pointe pour améliorer la façon dont les satellites radar mesurent l’épaisseur de Glace et neige de la mer de l’Antarctique, à la station de recherche de Rothera, en Antarctique, sur une photo non datée. La Presse Canadienne/Université de Calgary,

Un chercheur de Calgary, qui est demeuré au cours des huit derniers mois dans l’Antarctique pour étudier la banquise, dit avoir été témoin des effets des changements climatiques dans cette région du globe.

Vishnu Nandan, un associé de recherche postdoctoral de l’Université de Calgary, étudie, en compagnie de Robbie Mallett de l’Université du Manitoba, les différentes techniques qui pourraient permettre d’améliorer la façon dont les satellites radar mesurent l’épaisseur de la glace et de la neige de l’Antarctique.

Ses travaux font partie d’un projet britannique dont le but est de mettre en place un système radar de pointe au sol qui pourrait imiter ce que font les satellites en orbite.

«En fait, avant même d’arriver, on savait qu’on n’aurait pas beaucoup de glace de mer, parce qu’il a fait vraiment chaud récemment», a mentionné M. Nandan lors d’un entretien téléphonique alors qu’il se trouvait à la station de recherche Rothera, sur l’île d’Adélaïde, située à près de 1900 kilomètres au sud des îles Falkland.

«Quand on est arrivé, on avait la glace de mer la plus basse jamais enregistrée au cours des dernières décennies.»

Le problème, selon M. Nandan, est que la région reçoit tellement de neige, parfois jusqu’à un mètre, qu’il est difficile d’obtenir des relevés précis de l’épaisseur de la neige et de la glace de mer avec les satellites en orbite.

Les chercheurs ont donc recueilli des données au sol pour améliorer les algorithmes des satellites et, ainsi, produire des mesures précises essentielles aux projections liées aux changements climatiques.

Diminution considérable

M. Nandan a mené des recherches similaires il y a quelques années dans le centre de l’océan Arctique. À l’époque, il est monté à bord d’un brise-glace pendant un an pour compléter une étude approfondie du réchauffement climatique depuis un point d’observation proche du pôle Nord.

«La glace de la mer Arctique a considérablement diminué — d’environ 70 % au cours des 30 à 40 dernières années. En comparaison, l’Antarctique est resté stable, mais au cours des dernières années, depuis 2016 environ, on assiste à un déclin spectaculaire du niveau de la glace de la mer dans de nombreuses régions de l’Antarctique», a souligné le chercheur.

«Ce qui se passe en ce moment, c’est grave. C’est très grave. Quand on regarde la superficie globale de la glace de mer, elle est inférieure de près d’un million de kilomètres carrés par rapport au niveau le plus bas précédent, soit celui de 1986.»

S’il y a encore beaucoup de neige, il y a aussi plusieurs jours de pluie, ce qui est inhabituel, a indiqué M. Nandan, qui a ajouté que le vent chaud empêche la glace de l’océan de geler solidement.

«La glace de mer est de couleur blanche et reflète la majeure partie de la lumière du soleil qui la frappe, a-t-il expliqué. S’il y a moins de glace de mer, cela veut dire qu’il y a plus d’eau libre qui, elle, absorbe la majeure partie de la lumière du soleil.»

Les océans polaires deviennent donc plus chauds, ce qui peut affecter à la fois l’écosystème et la météo.

«On voit déjà plus de catastrophes climatiques comme les tornades, les cyclones et les phénomènes météorologiques extrêmes comme les pluies diluviennes, a-t-il rappelé. Cela affecte l’écosystème… depuis les alligators et les microplanctons, jusqu’aux animaux comme les phoques, qui ont besoin de la glace de mer pour leur habitat.»

M. Nandan a terminé son séjour en Antarctique et retournera à Calgary en novembre. Ses travaux sont aussi financés par l’Université du Manitoba.

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