Virage vers l’électromobilité sur la Côte-Nord: c’est possible

Par Émélie Bernier 12:00 PM - 22 novembre 2023 Initiative de journalisme local
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Photo Anne-Sophie Paquet-T.

D’ici 2035, toutes les voitures commercialisées au Canada devront porter le sceau « zéro émission ». Le virage vers l’électromobilité approche à toute vitesse, mais la Côte-Nord aura-t-elle ce qu’il faut pour suivre le mouvement ?

Selon le porte-parole de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ), Simon Pierre Rioux, la Côte-Nord, à l’instar du reste du Québec, est outillée pour la transition vers l’électromobilité. 

« On remarque que les gens qui sont en région habitent assez souvent près du travail, donc ils vont faire peu de longues distances quotidiennement. Quelques fois par année, ils vont faire de très longues distances pour aller en ville, à Québec, Montréal, mais la grande majorité du temps, les VÉ peuvent facilement remplir les besoins », indique-t-il.

L’évolution de l’offre en matière de VÉ s’avère également intéressante pour les conducteurs des régions éloignées. 

« Dans les premières années, on avait surtout des véhicules à traction avant, sauf certaines Teslas, très coûteuses. Dans des coins comme la Côte-Nord, il y a plus de neige et d’enjeux de déneigement, et aujourd’hui, on a beaucoup plus de choix pour des tractions intégrales, mieux adaptées. » 

En matière de bornes de recharge, l’offre sur la Côte-Nord n’est pas parfaite, mais elle est appelée à s’améliorer.

« On peut rouler sur la 138 jusqu’à Natashquan sans problème. Au nord de la 138, c’est davantage un désert. À Fermont, Churchill Falls, il y en a, mais pas tant que ça. La majorité des bornes sont sur de grands axes routiers, mais ça se développe », indique Simon-Pierre Rioux.  

À partir de 2035, le Québec interdira la vente de véhicules à essence, ce qui ne signifie pas, bien sûr, que les stations d’essence disparaîtront du territoire. On ne pourra tout simplement plus acheter de véhicules neufs de ce type.

« D’ici là, on a encore quelques années pour remplir les trous au niveau des infrastructures de rechange, pour s’assurer que tout le Québec soit couvert », insiste M. Rioux.

Un marché en plein boom 

Les ventes de véhicules électriques connaissent une croissance que certains n’hésitent pas à qualifier d’exponentielle.

« Au Québec, les ventes sont au-delà de ce qu’on espérait. 23 % de tous les véhicules vendus en 2023 pour le transport des personnes sont électriques et hybrides rechargeables, soit pratiquement un véhicule sur quatre ! Ça va super bien. Dans la province, environ 4 % de toute la flotte de véhicules, incluant les camions lourds par exemple, est électrifiée », indique Simon Pierre Rioux de l’AVÉQ. 

La Côte-Nord accuse un certain retard. « On atteint au mieux 2 % dans certaines villes », dit M. Rioux.

L’argument du coût prohibitif, souvent évoqué par le consommateur, n’en est pas un réellement, selon le porte-parole de l’AVÉQ.

« On dit souvent que le VÉ n’est pas accessible à tout le monde, mais les gens se paient des véhicules à essence très dispendieux. Le coût moyen d’un véhicule à essence vendu au Québec est de 63 000 $. Le coût moyen du VÉ est de 73 000 $, qui bénéficie d’un incitatif de 13 000 $ environ, donc le VÉ est dans la moyenne en ce moment et il revient même moins cher ! » 

Et les économies subséquentes ne sont pas négligeables. « Sur un an, un VUS électrique va coûter 350 $ environ pour faire 20 000 kilomètres versus 3500 $ d’essence pour un pick up. Sur 5, ou 6 ans, on économise facilement un 15 000 $ d’essence. Et on a même des pick up électriques maintenant ! », indique-t-il.

Alors, comment convaincre les Nord-Côtiers d’adhérer à l’électromobilité ?

« C’est par l’éducation ! Il faut juste expliquer que c’est un véhicule comme un autre ! 90 % du temps, on se recharge a la maison, une fois ou deux par semaine, voire moins, si on se déplace peu. Ce n’est pas plus compliqué que brancher un cellulaire. Si on a 500 km d’autonomie, à 20 km par jour, ça peut durer plusieurs semaines. »

Photo Anne-Sophie Paquet-T.

Selon lui, si l’argument le plus frappant est monétaire, le plus probant est environnemental.

« Certes, le portefeuille vient régir les actions qu’on va poser, mais le volet environnemental n’est pas négligeable ! Les gens des régions sont près de la nature, ils sont bien au courant des impacts que ça peut avoir ! Ils ont vu changer leur belle nature dans les dernières années. Avec les VÉ, on a le moyen de mettre notre grain de sel, il faut le faire ! »

Présentement, la disponibilité des véhicules est un des principaux freins au développement de l’électromobilité, d’où l’importance d’anticiper l’acquisition d’un VÉ plusieurs mois d’avance. « Vous êtes décidé, votre prochain véhicule sera électrique ? N’hésitez pas, réservez-le », conclut M. Rioux.

LÉLECTROMOBILITÉ EN QUELQUES CHIFFRES 

732

Nombre de véhicules électriques (VÉ), incluant les hybrides rechargeables (HR) sur la Côte-Nord 

0,703

Pourcentage des VÉ ou HR sur tous les véhicules immatriculés sur la Côte-Nord 

(Source : Statistiques au 31 décembre 2022 de l’AVÉQ)

40 %

Pourcentage du total des émissions de GES dû au transport au Québec. 

24 %

Pourcentage des émissions de GES dues au transport de personne