Visa pour les travailleurs mexicains : les Crabiers du Nord se virent sur un 10 cents

Par Johannie Gaudreault 6:00 AM - 20 mars 2024
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Les Crabiers du Nord attendaient 17 Mexicains. Seulement 6 arriveront à temps pour le début de la saison de pêche au crabe. Photo Christine Poitras

L’usine des Crabiers du Nord risque de manquer de personnel pour commencer la saison de pêche au crabe. Pourquoi ? Les précieux travailleurs mexicains n’arriveront pas tous à temps.

À peine un mois avant le lancement des casiers à l’eau, le gouvernement fédéral réimpose un visa pour la majorité des Mexicains qui veulent entrer au pays. Une mesure qui force les Crabiers du Nord à se trouver un plan B pour commencer la production dans les temps.

« C’est dernière minute », commente d’entrée de jeu Patrice Jean, contrôleur financier de l’entreprise située à Portneuf-sur-Mer. « L’année prochaine, on aura plus de temps, mais cette année, on a une urgence à régler pour débuter », lance-t-il.

La compagnie de transformation des produits de la mer est dans le pétrin si elle ne trouve pas d’autres ressources humaines pour rentabiliser ses productions. 

Elle attendait 17 travailleurs étrangers mexicains cette saison, mais elle ne pourra compter que sur six d’entre eux le 25 mars, première journée de transformation du crabe. 

Patrice Jean ne mâche pas ses mots : « Oui, la saison 2024 est impactée par cette nouvelle règle du gouvernement. » « Les six travailleurs qui peuvent venir sont des anciens qui étaient déjà venus travailler pour nous », explique-t-il. 

Quant aux 11 nouveaux employés, principalement attitrés au poste de journalier et d’entretien ménager, ils doivent respecter les nouvelles exigences, soit la demande d’un visa, ce qui peut prendre plusieurs semaines. 

« Ils ne seront pas arrivés pour le début de la saison, c’est certain. On ne peut pas nous donner de certitude quant à la date de leur arrivée. Ça se peut qu’ils arrivent juste à la mi-avril en raison des délais pour faire la demande de visa », dénonce le contrôleur financier. 

Dans ce cas, l’entreprise portneuvoise remet même en doute la pertinence de les embaucher cette saison en lien avec leur arrivée tardive. « On est en réflexion. On va voir ce qu’on va faire », témoigne M. Jean.

Plan B

Quand ils ont appris la nouvelle le 29 février, les gestionnaires des Crabiers du Nord se sont tout de suite mis en mode recherche de solutions.

« Ça fait deux semaines qu’on met de la pression sur madame Lebouthillier (ministre des Pêches). Pas seulement nous, mais d’autres entreprises dans notre situation et les communautés autochtones. Il n’y a rien qui bouge, alors on prend les devants », fait savoir Patrice Jean. 

La solution qui a été adoptée est celle du recrutement local. « On trouve des gens autour pour combler les postes laissés vacants par l’absence des travailleurs mexicains », divulgue le représentant de l’entreprise. 

Jusqu’à maintenant, cette vague d’embauches « va assez bien », selon M. Jean qui précise qu’une rencontre interne est prévue pour vérifier qu’ils ont tous les effectifs nécessaires au début de la saison de la pêche au crabe, qui demande « plus de monde ». 

Après la transformation des produits reliés au crabe des neiges, l’entreprise se tourne vers d’autres fruits de mer, dont le turbo et le buccin.

Si jamais le recrutement ne donne pas les résultats escomptés, les Crabiers du Nord devront restreindre la quantité de leur production, ce qui n’est pas du tout dans les plans.

Comme l’explique le porte-parole, « les crabiers, quand ils arrivent de leur pêche quotidienne, ils ne sont pas remplis à la moitié, ils sont pleins ». « L’objectif, c’est vraiment de produire à pleine capacité », poursuit-il. 

Deux ans de bons services

L’entreprise de transformation de produits de la mer en est à sa troisième année d’embauche de travailleurs mexicains. Les deux années précédentes ont été couronnées de succès et ont convaincu les gestionnaires de continuer dans cette voie. 

« Le nombre de travailleurs étrangers va augmenter tous les ans, dévoile Patrice Jean. Nous sommes très satisfaits de leur travail. C’est de plus en plus difficile de recruter de la main-d’œuvre. »

Les Mexicains s’intègrent bien au reste de l’équipe qui est composée d’environ 70 employés. L’an dernier, ils étaient au nombre de 12 à œuvrer à l’usine, à l’entretien ménager et au camionnage pour l’un d’eux.

Les Crabiers du Nord font affaire avec la firme Dotemtex pour l’embauche des travailleurs internationaux. « On se parle tous les jours et tout le monde a le même problème dans le domaine des pêches » laisse tomber le contrôleur financier.

L’usine Umek à Sept-Îles, dont les Crabiers du Nord sont actionnaires, est d’ailleurs dans le même bateau. On y attendait 15 travailleurs mexicains qui ne seront pas au rendez-vous au moment voulu.

Les travailleurs mexicains occupent principalement des postes de journaliers et à l’entretien ménager. Photo Christine Poitras

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