Le débat est lancé sur le salaire minimum à 15 $

Par Journal Haute Côte Nord 22 octobre 2016
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« À peu près 210 000 travailleurs au Québec travaillent au salaire minimum [10,75 $ de l’heure actuellement]. Même au salaire minimum, ils sont sous le seuil de pauvreté », mentionne le conseiller régional pour la FTQ, Pascal Langlois.

« À peu près 210 000 travailleurs au Québec travaillent au salaire minimum [10,75 $ de l’heure actuellement]. Même au salaire minimum, ils sont sous le seuil de pauvreté », mentionne le conseiller régional pour la FTQ, Pascal Langlois.

Baie-Comeau – Alors que l’idée a été débattue à l’Assemblée nationale et que l’Alberta vient de légiférer en ce sens, la hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure continue de mobiliser les opinions au Québec.

Dans la région, le conseil central Côte-Nord de la CSN et la FTQ participent à la campagne nationale pour la hausse du salaire minimum à 15 $. « À peu près 210 000 travailleurs au Québec travaillent au salaire minimum [10,75 $ de l’heure actuellement]. Même au salaire minimum, ils sont sous le seuil de pauvreté. Ça permettrait de les sortir du seuil de pauvreté », mentionne le conseiller régional pour la FTQ, Pascal Langlois.

Si les intervenants mobilisés s’entendent sur la hausse, ils ne précisent pas de délai précis pour la mise en œuvre de cette politique. Ainsi, à la CSN, on voudrait que ce soit fait « le plus rapidement possible », tandis que la FTQ propose une période « de cinq ou six ans ».

5-10-15

« Nous, on souhaite surtout qu’il y ait une coalition la plus large possible et qu’un comité soit mis en place pour se pencher sur la question », affirme le président du conseil central Côte-Nord – CSN, Guillaume Tremblay, qui lançait vendredi, à l’occasion de la Journée mondiale d’action pour un travail décent, la campagne 5-10-15 de la centrale syndicale.

Reconnaissant qu’il s’agit d’une question complexe, d’où la nécessité d’un comité pour l’évaluer, M. Tremblay croit néanmoins que les bénéfices de cette mesure seraient tangibles. « On ne trouve pas normal que quelqu’un qui travaille doive avoir recours à des banques alimentaires. […] Ça [la hausse à 15 $] leur donne un bon coup de main pour vivre décemment. Il faut voir ça de façon très large, pour la société en général », insiste-t-il.

Devant ceux qui assurent qu’une telle augmentation fera fermer des entreprises, le président de la CSN Côte-Nord indique que cela pourrait plutôt avoir des retombées économiques positives. « Plus de gens vont gagner un salaire plus élevé. Ils vont consommer plus. Si on donne un meilleur salaire à plus de gens, on augmente leur pouvoir d’achat et leur qualité de vie. Pour les employeurs, ça peut donner moins de roulement de personnel, donc plus de productivité », croit-il.

Raccourci simpliste

La Chambre de commerce de Manicouagan (CCM), faisant écho à la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), affirme que c’est plutôt en améliorant les conditions de vie des travailleurs qui se trouvent au bas de l’échelle par les programmes sociaux, les crédits d’impôt et la fiscalité que le gouvernement pourra lutter contre la pauvreté.

Dans un communiqué, la FCCQ fait d’ailleurs valoir que 61 % des travailleurs au salaire minimum ont moins de 25 ans et que le salaire minimum a un impact très différent selon qu’une personne vit chez ses parents, est une mère de trois enfants ou un travailleur âgé qui complète ses revenus de retraite.

Elle évoque également le fait qu’il s’agirait d’une augmentation de salaire de l’ordre de 40 % et qu’aucune donnée économique ne le justifie. La FCCQ et la CCM croient que cela affectera tout l’éventail de salaires dans le marché du travail et que cela nuirait à la compétitivité des entreprises dans les secteurs de l’économie exposés à la concurrence étrangère. « On pourrait croire que si les entreprises payent encore plus cher leurs employés, il y aura une augmentation du coût des produits », souligne l’ex-directrice générale de la CCM, Janie Albert.

La FCCQ croit qu’une réflexion sérieuse et réaliste sur les impacts d’une telle hausse et sur les moyens à la disposition des gouvernements pour améliorer les conditions de vie des travailleurs doit être faite. « L’idée, ce n’est pas de dire qu’on ne veut aucune augmentation. C’est d’avoir une bonne réflexion autour de ça », conclut Mme Albert.