Les Forestvillois sont-ils prêts à payer 5 M$ ?

Par Shirley Kennedy 21 février 2017
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Forestville – C’est un rapport pour le moins éloquent qu’a remis aux élus il y a quelques semaines, la firme AXOR, mandatée par la ville de Forestville, afin d’évaluer l’état de l’arboriduc et les coûts de réfection et/ou de reconstruction de cette infrastructure historique de la ville, témoin de l’importance de l’industrie forestière dans le développement de Forestville.

Ainsi, dans un état de détérioration avancée, la portion non rénovée de l’arboriduc d’une longueur d’environ 850 mètres, coûterait aux citoyens de Forestville, démantèlement inclus, près de 5 M$. En ce qui concerne la partie qui a subi des travaux de réfection en 1986 (longueur de 200 mètres), les experts d’AXOR estiment qu’elle pourrait être rénovée et conservée à des coûts raisonnables.

La population sera consultée

Devant un tel constat, le conseil municipal de Forestville a l’intention de consulter sa population afin de prendre une décision à ce sujet. Bien qu’il soit un symbole de la fondation même de la Ville de Forestville par les grandes forestières, l’arboriduc n’est pas assez ancien pour être admissible à quelque aide financière que ce soit auprès des ministères en lien avec le patrimoine. La seule infrastructure qui soit déclarée comme un joyau patrimonial en Haute-Côte-Nord est la Petite Chapelle de Tadoussac. Cependant, des programmes destinés aux petites collectivités pourraient peut-être permettre à la ville d’obtenir un soutien financier pour payer une partie (environ 3 M$) des travaux.

Un des rares encore existants

Reconnue comme lieu patrimonial du Canada en 2007 en raison de sa rareté, la dalle humide représente un certain cachet et valeur historique par sa situation dans un environnement boisé, à proximité du fleuve Saint-Laurent, entre l’embouchure de la rivière du Sault-aux-Cochons et le quai, soit dans la partie la plus ancienne de la ville. Les arboriducs sont peu répandus sur le territoire québécois. Ils sont implantés principalement dans la région de la Côte-Nord au cours de la première moitié du XXe siècle, notamment à Baie-Comeau, Port-Cartier et Godbout.

« C’est certain que nous ne prendrons pas cette décision seuls, nous allons consulter les citoyens puisque ce sont eux qui paient », dit Mme Anctil, qui a souvent répété que le sort de l’arboriduc de Forestville engendrait des réactions divergentes au sein de la population de Forestville. Alors que certains citoyens sont très attachés à ce symbole historique, d’autres ne voient aucun intérêt à investir pour conserver cette infrastructure, véritable témoin de l’histoire et dont la structure en bois, son volume dont la passerelle sur pilotis, le plan incliné, sa longueur de plus d’un kilomètre et son tracé sinueux, en font une référence directe sur l’histoire de la ville.

L’histoire

L’arboriduc, aussi connu sous le nom de dalle humide ou floom a été érigé en 1942 par la compagnie Anglo Canadien Pulp and Paper Milles ltd. Son rôle était d’acheminer les billots de bois vers le port pour être chargés sur les barges. Cet arboriduc se situe à l’embouchure de la rivière du Sault-aux-Cochons, d’où provenait le bois qui pouvait flotter sur plusieurs kilomètres. Les bûcherons coupaient leur bois dans les camps de la compagnie et on le plaçait dans la rivière. Étant donné que les camions étaient peu utilisés à cette époque. Le flottage de bois sur les rivières était le moyen le plus accessible et le plus performant. Des milliers de billes de bois parcouraient le trajet dessiné par la rivière du Sault-aux-Cochons sous la supervision des draveurs. Avec l’arrivée de nouveaux moyens de transport et l’impact écologique qu’avait le flottage du bois, on a cessé toute activité à l’arboriduc et il est devenu un vestige relatant l’industrie du bois d’antan. (source: Ville de Forestville).

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