L’absence de pont coûte un demi-million $ de plus à Sacopan

Par Charlotte Paquet 23 mars 2017
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Baie-Comeau – L’absence d’un pont enjambant la rivière Saguenay nuit à l’économie de la Côte-Nord, ce n’est un secret pour personne. Mais là, une entreprise ouvre ses livres pour le prouver. À Sacré-Cœur, Sacopan paie un demi-million de dollars de plus par année en frais de transport pour la simple et bonne raison que la fiabilité du service de traversiers fait peur au monde du camionnage.

« Des compagnies de transport ne veulent pas venir. On réussit à en trouver malgré tout, mais ça nous coute 500 000 $ de plus par année que si notre usine était située sur la rive sud et à une même distance de Montréal », affirme Guy Deschênes, président fondateur de Sacopan et toujours président du conseil d’administration.

La petite entreprise fabrique 10 000 panneaux de porte intérieure embossée par année. Elle est le seul manufacturier dans cette niche au Canada. La majeure partie de sa production est destinée aux États-Unis. Un acheteur important se trouve même en Californie.

L’insécurité, ça se paye!

Si les camionneurs se font tirer l’oreille pour assurer l’expédition de ses panneaux de porte, c’est que le service de traversiers reliant Baie-Sainte-Catherine à Tadoussac les insécurise en raison du temps d’attente qui peut s’allonger pour toutes sortes de raison. « Ils ne sont jamais certains de toucher une rémunération juste lorsqu’ils viennent ici. Ceux qu’on a, ils nous chargent en conséquence », indique l’homme d’affaires.

Or, bon an mal an, au moins 2 000 voyages de camion sont nécessaires pour les opérations de Sacopan, autant pour le transport de produits finis à l’extérieur de la région que pour la réception de produits destinés à la fabrication.

Pour acheminer les panneaux de porte chez les clients, les camions semi-remorques arrivent à Sacré-Cœur vides, mais repartent chargés à rebord. « Ils subissent deux fois les effets de cette traversée-là avec les aléas et l’insécurité », déplore Guy Deschênes. Il rappelle que si un camionneur arrive à Baie-Sainte-Catherine tardivement en fin de soirée, il court le risque de devoir attendre encore plus longtemps puisque les départs sont aux heures pendant la nuit.

Sacopan n’est pas la seule entreprise dans son cas. Son président fondateur parle aussi de Bersaco, de Boisaco et d’autres. Le service de traversiers nuit à leurs rendements. « C’est un problème majeur qui brime nos marges bénéficiaires, mais aussi nos avantages concurrentiels. Nos compétiteurs sont à l’étranger », dit-il.

Un pont s’impose

La Côte-Nord réclame la construction d’un pont enjambant la rivière Saguenay depuis des lustres et Guy Deschênes pousse encore et toujours dans le même sens, car l’actuel service de traversiers est loin de répondre aux attentes.

« C’est une entrave qui nous gêne dans notre développement, qui nous irrite sur le plan humain et qui augmente les risques de décès et de blessures sur la route », conclut l’homme d’affaires, qui a d’ailleurs passé son message aux représentants de la Consultation sur la sécurité routière de la Société de l’assurance automobile du Québec, en février, à Baie-Comeau.

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