Pour une quatrième année consécutive – La Côte-Nord, la grande perdante de la migration interrégionale

Par Charlotte Paquet 28 mars 2018
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Malgré un environnement unique, des paysages majestueux, la Côte-Nord enregistre les pertes migratoires les plus importantes au Québec par rapport à la taille de sa population. Photo courtoisie Gontran Tremblay

Malgré un environnement unique, des paysages majestueux, la Côte-Nord enregistre les pertes migratoires les plus importantes au Québec par rapport à la taille de sa population. Photo courtoisie Gontran Tremblay

Baie-Comeau – La Côte-Nord continue de se vider au profit d’autres régions du Québec. Pour la quatrième année consécutive, elle enregistre les pertes migratoires les plus importantes au Québec par rapport à la taille de sa population.

Selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), la région a encaissé une perte migratoire de 1,2 % de juillet 2016 à juillet 2017. En nombre absolu, cela représente 1 092 personnes, ce qui correspond à l’écart entre les gens qui ont migré vers la Côte-Nord et ceux qui l’ont quittée pour s’installer ailleurs.

Aucune des six MRC n’enregistre un solde positif. Dans quatre d’entre elles, les pertes se situent à plus de 1 % de leur population. En nombre absolu, cela représente environ 100 personnes. La MRC de Caniapiscau affiche encore une fois le pire score avec un recul de 2,5 %. Minganie, Sept-Rivières et La Haute-Côte-Nord font aussi partie des MRC les plus déficitaires du Québec.

Les pertes touchent tous les groupes d’âge. Avec un recul de 295 personnes (3,03 %) chez les 15-24 ans, de 305 (1,04 %), chez les 45-65 ans et de 127, chez les 65 ans et plus (- 0,80 %), la Côte-Nord accuse les plus lourds déficits de toutes les régions du Québec dans ces catégories.

Léger baume sur les plaies de la démographie nord-côtière, le déficit du solde migratoire de 2016-2017 est moins marqué que ceux des deux années précédentes, qui étaient de 1 479 personnes (-1,6 %) en 2015-2016 et de 1 339 (- 1,42 %), en 2014-2015.

Depuis 2010-2011, près de 6 000 personnes ont migré de la Côte-Nord vers d’autres régions du Québec. Sans surprise, elles ont emménagé principalement dans la Capitale-Nationale. Des pertes qualifiées de non négligeables par l’ISQ ont aussi été observées au profit de la région de Chaudière-Appalaches et du Bas-Saint-Laurent.Fait à noter, au Québec, 11 régions ont enregistré des gains dans leurs échanges migratoires tandis que six ont accusé des pertes.

Alarmant, mais…

Même s’il trouve les dernières statistiques alarmantes, le député de la circonscription de René-Lévesque, Martin Ouellet, est d’avis qu’il est possible de renverser la vapeur si tout le monde y met du sien, incluant les gouvernements. « Il faut être réaliste, mais pas défaitiste. On est capable de se relever les manches et faire face à ce défi-là ensemble », martèle-t-il.

L’élu déplore que ce soit encore les jeunes de 15 à 24 ans qui quittent la région en plus grand nombre, souvent parce qu’ils partent pour les études et ne reviennent pas. Il considère que le fait de faciliter les stages en région pourrait changer la donne, rappelant que dans le monde universitaire, il existe encore des contraintes à ce chapitre.

Martin Ouellet est aussi d’avis que le solde migratoire négatif de la Côte-Nord ramène toute la question de la vitalité. « Ça prend des emplois dans de nouveaux domaines. Je salue tous les efforts de la Ville de Baie-Comeau dans le développement de la nouvelle économie », souligne-t-il, en référence à tout ce qui entoure la technologie de chaines de blocs.

Par rapport à la pénurie de main-d’œuvre qui frappe certains domaines, l’élu affirme qu’il faut se questionner sur les raisons qui font que la région ne soit pas attractive. « Pourquoi les gens ne voient pas la Côte-Nord? On a le défi d’être plus reconnu », ajoute celui qui croit que le temps est peut-être venu de faire un bilan des tentatives infructueuses des dernières années et de voir ce qui peut maintenant être fait. Enfin, parmi les autres aspects qui peuvent faire une différence, le député parle de l’importance des transports comme incitatif pour amener les gens en région. Il fait référence autant au service de traversier qu’à la desserte aérienne et par autocar.

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