Jean-Eudes Nicolas : souvenirs d’un sportif passionné

Par Shirley Kennedy 5:00 AM - 8 août 2019
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Jean-Eudes Nicolas collige tous les faits saillants de sa famille, sa plus grande fierté.

Jean-Eudes Nicolas collige tous les faits saillants de sa famille, sa plus grande fierté.

Longue-Rive – La mémoire, cette faculté de l’esprit d’enregistrer, conserver et rappeler les expériences passées n’est pas infaillible. Pourtant, celle de Jean-Eudes Nicolas âgé de 85 ans, se porte très bien. Il se souvient de beaucoup de choses monsieur Jean-Eudes, mais ses meilleurs souvenirs sont liés au sport, surtout au hockey, à ses exploits et ceux de ses descendants.

Né à Sault-au-Mouton, aujourd’hui Longue-Rive, Jean-Eudes Nicolas est le fils de Jeannette Tremblay de la Pointe-à-Boisvert et Welley Nicolas, né à Tadoussac tout comme son père, Nicolas Jenniss.

Welley, « le plus vieux des Malécites de Viger » décédé à l’âge vénérable de 103 ans, s’est établi à Sault-au-Mouton dans les années 1920. Sa première épouse fut Yvonnie Thibeault. Il s’est marié en secondes noces avec Jeannette Tremblay, la mère de Jean-Eudes, et en troisièmes noces à Laura Tremblay.

Welley avait deux sœurs : Thérèse l’aînée, est décédée en très bas âge. Béatrice la cadette de la famille, mariée à Jos Marino, vit toujours à Forestville.

La passion du sport

Ses premiers coups de patin, Jean-Eudes les a donnés sur la glace de la rivière Sault-au-Mouton, bien avant que « la compagnie », ne fasse construire une patinoire derrière la maison du docteur Gagnon.

Le sport, c’est ce qui l’a animé la majeure partie de sa vie. Le sport et sa famille. « J’haïssais l’école. Je me souviens vers l’âge de 9 ans environ, le samedi, j’ôtais pas mes patins. Je les gardais pour dîner et pour souper. J’aimais assez ça ! »

« Nos parents n’avaient pas d’argent. Un parent de la mère, qui était ma belle-mère, m’a donné une paire de patins. Un 6 et un 7. Je mettais un bas de plus dans le 7. Et même à ça, je ne me souviens pas si c’était la même compagnie, Spalding ou Bauer ».

Un jour, Jean-Eudes qui aimait bien patiner avec les filles, a « enfilé dans la rivière ». Il se demande encore aujourd’hui comment il a pu se sortir de ce mauvais pas. « Je me demande comme j’ai fait pour ne pas me noyer. Une chance que j’avais mon bâton ».

La boxe et autres…

Après le hockey, ce fut la boxe, que Jean-Eudes a expérimentée pendant trois ans, soit de l’âge de 12 à 15 ans environ. Avec « ses chums » de Sault-au-Mouton, il se fabrique une arène de boxe. Sans être agressif, notre pugiliste en herbe a la réplique facile mais il n’est pas rancunier. « On se frappait dans la figure à part de ça ! Mais après c’était fini ».

Le sport étant ce qu’il aime le plus dans la vie, -outre le basketball- « parce que je n’étais pas assez grand » – et le curling – « j’aurais aimé ça le curling et je pense que j’aurais été bon », Jean-Eudes les a tous pratiqués ou presque. Les quilles, le ballon-balai, le ski alpin et les belles années du baseball avec les Denis Duchesne, Jean-Marie Delaunay, Adrien Dubé, Gaston Thiffault et Rodrigue Dufour. « J’avais le bras comme un ressort. Quand Adrien me disait Jean-Eudes, t’envoye la balle là, il l’avait là ». Bien qu’il partage aisément ses exploits sportifs, Jean-Eudes se souvient aussi de ceux de ses coéquipiers qui l’ont marqué. « Rodrigue Dufour, c’était notre plus fort. Un excellent arrêt-court. Et il frappait, ma fille ! »

À 14 ans, Jean-Eudes joue pour trois équipes de hockey. Il commence son premier emploi à 15 ans, alors qu’il est désigné pour transporter l’eau pour faire boire les hommes de la compagnie. À 16 ans, il entre sur le marché du travail pour de bon, alors qu’il travaille avec Ti-Paul Sirois, « sur le bôme où il attrape les billots avec une gaffe ».

Le hockey, sa passion

Avant la vingtaine, il part travailler en Ontario où il y vivra pendant trois ans. « J’ai joué au hockey pendant tout ce temps et j’ai même fait l’équipe des étoiles les 3 ans que j’ai été là. Nous allions jouer en train. Ils m’envoyaient à 3 h de la job pour que j’aille me reposer pour la game du soir, j’étais porté sur la main ».

De retour dans son village natal, Jean-Eudes fait la rencontre « en patinant bien sûr », d’Adrienne Forest de la Pointe-à-Boisvert. Ils unissent leur destinée en 1962. Cinq enfants sont issus de ce mariage heureux : Élianne, Pierre, Jacques, Gina et Richard. En parallèle, Jean-Eudes devient président des loisirs de Sault-au-Mouton en plus d’être instructeur au hockey pour les équipes atome et pee-wee. « J’étais patient mais sévère. Fallait que ça patine ». Puisque les professionnels de la Ligue nationale n’ont rien inventé, le coach Nicolas fait de la théorie dans l’école par temps froid. Nous sommes au début des années 1950. Jean-Eudes Nicolas sera l’instructeur de hockey de son village pendant une quinzaine d’années.

Avec son bon ami Benoît Joncas de Forestville, Jean-Eudes fonde la Ligue de hockey du Saguenay qui compte des équipes de Bersimis, Forestville, Portneuf, Sault-au-Mouton et Les Escoumins, qui adhère l’année suivante. « Benoit Joncas a été un bon président et il y a eu Adjutor Bouchard aussi qui a été président, tout le monde se souvient d’Adjutor-fait-du-sport ».

Des souvenirs liés au hockey, Jean-Eudes en a des tonnes. Il parle avec passion de cette aventure du 15 janvier 1950, alors que son équipe se rend à Sacré-Cœur à bord du snowmobile de Jean-Philippe Simard, le boucher de la place. Une tempête est annoncée sur les ondes de la radio. Après la première période du match du dimanche, le coach Simard annonce qu’il faut vite quitter puisque la tempête est là. Sur le chemin du retour, l’équipée vivra des mésaventures incroyables. « On a tiré le snow dans la côte des Grandes-Bergeronnes avec une corde ». Ils mettront deux jours à revenir au bercail.

« J’ai arrêté de jouer au hockey à 50 ans », dira celui qui suivait religieusement tous les matchs de la LNH jusqu’à tout récemment. « Je suis ça encore un peu mais les salaires m’ont écœuré. Si on avait eu ces moyens-là, j’aurais pu jouer dans la Ligue nationale, quoique je n’avais pas le physique. Mais Camille Henry et Henri Richard ont réussi. Mais ils savaient patiner! Moi je pouvais pas savoir j’avais un 6 et un 7 et des fois un 6 et un 8… mais j’ai eu du fun ».

Affirmer que Jean-Eudes est compétitif est un euphémisme. « Quand je perdais, j’en pleurais. Après c’était fini. Mais quand je joue, c’est pour gagner ».

Il a transmis sa passion du sport à ses enfants « mais je ne les ai pas forcés », dira-t-il. À ce jour, Jean-Eudes et Adrienne sont entourés de leurs cinq enfants, 11 petits-enfants et 4 arrières-petits-enfants.

Son avenir, sa famille

Au cours des dernières années, Jean-Eudes a suivi avec grand intérêt les exploits de ses petits-fils. Guillaume, le fils de Jacques, a évolué avec les Élans de Charlesbourg. Et Bryan, le fils de Richard, a démontré des talents de joueur de haut calibre pendant son parcours. « Il a un handicap, il n’est pas assez gros, mais c’est tout un joueur », dira le fier grand-père qui porte désormais ses ambitions sur le frère de Bryan, Zachary.

Ce dernier évolue à Rivière-du-Loup dans le midget AAA. « Lui il est solide. Il pèse 185 lb et il a juste 14 ans. Il est plus embarrassant sur la glace et il y va aux toasts. Bryan et Zack ont fait tous les deux fait partie du petit Drakkar ».

Zachary a en son grand-père, son plus fidèle et authentique supporteur. « Je sais pas s’il veut aller loin mais moé je veux et je l’encourage. Je lui ai dit : il faut que tu patines et surtout pas de boisson. La boisson pis le sport, ça va pas ensemble ».

En parallèle aux exploits de Zachary, son arrière-petit-fils, Alex, fils de Maxime, attire son attention. « Il va être très bon. Il n’est pas gros mais il est rapide et il patine en maudit ».

Et en famille, à tous les ans depuis quelques éditions, les Nicolas participent au Tournoi Famille de Forestville. « On gagne tout le temps. Même Renato (Marino) joue encore. On est forts en maudit pis ça va être dur de nous battre…»

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