La fin des vacances

Par Erika Soucy 3:00 PM - 3 septembre 2019
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J’écris cette chronique dans le bus en direction de Montréal; j’ai une réunion pour la job demain. Je fais la route Québec-Montréal trois à cinq fois par mois, environ…

Ces heures passées sur la 20 sont du temps volé où je peux écrire sans être dérangée ou simplement écouter de la musique. Ces temps-ci, j’écoute du country américain : Johnny Cash, Willie Nelson et surtout, surtout, la grande Dolly Parton.

Parlant de musique, mon voisin de siège ressemble à Tommy Lee, le drummer de Mötley crüe, qui reviendrait tout juste d’une run de débrousse. Il est un tantinet dérangeant, mais je ne peux pas m’empêcher de le trouver attachant avec sa façon de parler trop fort au cellulaire et son linge tout crotté. Pour tout dire, il me fait penser à mon frère : un planteur d’arbres qui vit dans son char l’été, en Colombie-Britannique.

J’écris cette chronique dans le bus en direction de Montréal et ça veut dire que l’été achève. Je rentrerai jeudi, pour le début de l’année scolaire de mon fils… J’en aurai pour quelques jours à avoir le cœur gros de quitter les vacances, mais dans deux semaines tout sera fini. J’aurai repris le rythme. Je me surprendrai, au mois de mars, à rêver de soleil en pleine tempête des poteaux. Et comme chaque fois où je m’ennuie de l’été, je penserai à mes souvenirs d’enfance à Portneuf-sur-Mer. Parce que même si le vent du fleuve m’oblige à marcher de reculons l’hiver, à Portneuf; c’est l’été qui s’imprègne dans mes souvenirs.

Peut-être parce que j’ai toujours perçu notre région comme vivante et pleine de promesses, à cette période. C’est, pour beaucoup de citoyens, les mois les plus payants et y’a rien de mieux qu’une rentrée d’argent pour se sentir léger. L’été c’est aussi les lacs, le chalet, le camping, la grève… Le sentiment de liberté de rouler les fenêtres ouvertes et celui d’une communauté qui s’active dehors, devant un paysage à couper le souffle. Non, sérieusement, pour être de bonne humeur, y’a pas de meilleure recette que du temps passé sur la Côte-Nord, en juillet.

Mais j’ai dû partir pour m’en rendre compte. Tant que j’avais l’horizon sous les yeux, je ne le remarquais pas; comme un parent qu’on prend pour acquis et dont on s’ennuie soudainement, quand on part en appart. J’aurais eu besoin qu’on me le rappelle plus souvent que c’était grandiose chez nous. Petite, j’étais trop occupée à trouver le temps long et à me plaindre qu’il n’y avait rien à faire, rien à voir… Je ne soupçonnais pas qu’à trente ans je chercherais cette quiétude, que je me sentirais complète et entière face à un plan d’eau.

Notre dernière sortie des vacances s’est passée dans un vieux chalet avec mon chum pis mes enfants. On a quitté la maison avec le canot sur le top du char… Le samedi, pendant qu’on ramait sur le lac, mon fils voulait entendre des histoires de mon enfance. J’ai refusé. J’ai dit « Écoute le vent pis regarde en avant, c’est plus beau que tout ce que je pourrais conter. »

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