Forces armées canadiennes : faire sa place quand on est une femme

Par Johannie Gaudreault 2:00 PM - 17 novembre 2020
Temps de lecture :

Marie-Claude Gagnon, originaire des Bergeronnes, s’est enrôlée dans les Forces armées canadiennes de 1989 à 1999. Photo : Courtoisie

Le 11 novembre était le jour du Souvenir pour les milliers de Canadiens et pour la vétérane Marie-Claude Gagnon, originaire des Bergeronnes, qui se remémore son parcours dans les Forces armées canadiennes.

C’est en 1989 que tout commence pour Mme Gagnon, alors âgée de 21 ans.

« Depuis l’âge de 17 ans, à la fin de mes études secondaires, que ma candidature était envoyée aux Forces armées canadiennes. Mais, dans ces années-là, il n’y avait pas beaucoup de place pour les femmes et encore moins pour les femmes francophones », raconte-t-elle.

En 1989, le gouvernement fédéral adopte une loi pour augmenter la présence des femmes dans l’armée à 3 %, ce qui donna la chance à la Bergeronnaise d’y commencer une carrière.

« Nous n’étions vraiment pas les bienvenues. Ce n’était pas bien vu que les femmes exercent des métiers non conventionnels. On a vécu beaucoup de discrimination sexuelle », se souvient Mme Gagnon.

Après être passée par l’École de leadership et de recrues des Forces canadiennes à Saint-Jean-sur-Richelieu, Marie-Claude Gagnon doit apprendre la langue anglaise à l’école de langues à Halifax.

« En entrant dans l’armée, je voulais aider mon prochain et voyager, commente-t-elle. J’ai été gâtée à ce niveau-là. »

Par la suite, les Forces armées canadiennes lui « donnent un métier », pas nécessairement celui qu’elle voulait.

« Tu prenais ce qu’on te donnait », déclare-t-elle. Elle a donc été dirigée vers les communications pour la marine au départ. Mais, la discrimination qu’elle vivait l’a fait échouer à son cours.

« On m’a donc redirigée vers les communications dans les forces aériennes à Kingston en Ontario en 1990. »

Son parcours l’amène ensuite à Ottawa pendant trois ans et en 1993, elle est mutée à Halifax comme spécialiste en communications à la base navale jusqu’en 1997.

« C’est pendant ce mandat que je me suis blessée gravement à la colonne vertébrale en tombant d’un char d’assaut. J’ai dû me faire opérer en 1995 pour cette fracture », dévoile la caporale.

Retraite forcée

Elle passe ses deux dernières années de service à la base militaire de Valcartier au 711e Escadron des communications. Finalement, en 1999, on la libère médicalement, ce qui signifie une « retraite forcée ».

« Tu perds ta santé, tes repères et on te mets à la porte, dit-elle. Je n’ai pas eu de salaire jusqu’en 2013, après une grosse bataille pour avoir ma pension. Ç’a été un gros choc pour moi, mais je recommencerais demain matin. »

Ayant quitté la région pendant de nombreuses années, Mme Gagnon est revenue dans son patelin en 2008 pour prendre soin de son père.

La distance avec ses proches, c’est ce qu’elle a trouvé le plus difficile dans toute sa carrière. « J’ai accouché et je me suis mariée en Colombie-Britannique, sans ma famille. Ce n’était pas toujours facile de vivre loin », avoue-t-elle.

Même si elle ne pensait jamais revenir dans la région, elle y séjourne maintenant avec son conjoint Pierre Caron.

Elle continue de s’impliquer auprès de la légion royale canadienne de Baie-Comeau comme officier d’entraide et elle encourage tous les jeunes qui ont soif d’apprendre et de voyager à s’engager dans les Forces armées canadiennes. « C’est une expérience formidable! »

Son beau-fils Alex Caron y fait d’ailleurs carrière comme technicien en approvisionnement à la base de Valcartier depuis 11 ans et son fils, Christopher Breton y a travaillé comme policier militaire réserviste pendant ses études. Aujourd’hui, il exerce son métier à la Sûreté du Québec à Chibougamau, mais demeure aux Escoumins.

Même si elle a vécu des moments plus difficiles et qu’elle a dû mener plusieurs batailles au cours de sa carrière, Marie-Claude Gagnon est heureuse de voir tout le chemin qu’elle a parcouru.

« Aujourd’hui, les femmes ont leur place dans l’armée, on en recherche même. Je suis fière de l’évolution qui a été réalisée et qui continue de se faire », conclut-elle.

Partager cet article