Autiste et intégré socialement

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 9 avril 2024
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Mavrick Robillard-Jean vit avec le trouble du spectre de l’autisme, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une vie sociale bien remplie. Photo Johannie Gaudreault

Mavrick enfile son chandail du Canadien, il est impatient de voir les joueurs locaux disputer un match de hockey. Son sourire en dit long sur sa joie de se retrouver derrière le chronomètre, mémorisant le nombre de buts comptés par chacun des hockeyeurs sur la glace du Complexe Guy-Ouellet. Mavrick est autiste, une condition qui ne l’empêche pas de s’intégrer dans la communauté. 

Mavrick Robillard-Jean réside à Forestville, mais est originaire de Colombier. Il vit avec le trouble du spectre de l’autisme depuis son plus jeune âge. Sa mère Nancy Jean a obtenu le diagnostic alors qu’il avait un peu moins de deux ans. Elle s’en souvient encore. C’est un moment qu’on n’oublie jamais. 

« Du jour au lendemain, Mavrick est devenu un autre bébé. Il ne suivait plus notre regard quand on lui parlait. Il a passé une panoplie de tests et on nous a finalement dit qu’il était audio-muet. Ça voulait dire autiste dans ce temps-là », raconte-t-elle au journal Haute-Côte-Nord.

Ses difficultés de vision ont été ses premiers symptômes. « Il rentrait dans les murs quand il courait. On voyait bien que sa vision n’était pas correcte, mais c’était difficile de faire passer des tests de vue à des enfants de moins de deux ans. On a réussi à le faire voir par un optométriste et il a eu ses premières lunettes », témoigne Mme Jean. 

Le jeune autiste, bientôt âgé de 33 ans, avait des capacités cognitives incroyables pour son âge. Il pouvait résoudre plusieurs  casse-tête mélangés en même temps. « C’était impressionnant », souligne sa mère. 

Sa passion pour le sport est survenue assez rapidement. Les intérêts spécifiques sont un symptôme courant du trouble du spectre de l’autisme. Pour Mavrick, les sports font partie intégrante de sa vie, tout comme les statistiques qui viennent avec. 

« Mon sport préféré, c’est le hockey », dévoile le principal intéressé, qui suit autant les matchs des Canadiens de Montréal, du Drakkar de Baie-Comeau que de la ligue de hockey Vieilles Branches de Forestville. 

« Quand il y a des game le soir, il en écoute plusieurs à la fois avec la télévision, la tablette et son téléphone cellulaire. Il ne veut rien manquer », partage Nancy Jean, qui croit que cette passion est un des éléments clés de son intégration.

Encadrement scolaire

Mavrick a été bien encadré au niveau scolaire, selon sa mère. « Il a commencé à l’école de Colombier. C’était le meilleur lieu d’apprentissage pour lui. Ç’a bien été jusqu’en 5e année », fait-elle savoir. 

Le jeune homme a été transféré à l’école spécialisée de Portneuf-sur-Mer pour terminer ses études primaires. « Ça lui a permis de connaître une plus grosse école et de se préparer pour la polyvalente », affirme Mme Jean. 

Son arrivée au secondaire s’est bien passée. Mavrick était entouré de ses amis de Colombier au cas où de l’intimidation se glisserait sur son passage. « Il avait sa gang pour le défendre. Il y a eu quelques cas d’intimidation, mais ça s’est réglé assez rapidement », divulgue la maman de trois enfants, dont deux neurotypiques. 

Avec son sourire contagieux, sa joie de vivre et sa motivation débordante, Mavrick s’est lié d’amitié avec plusieurs enseignants. Patrick Lafontaine, Danielle Larouche, Chantal Foster et Dave Dufour, son mentor qu’il a perdu des suites du cancer en 2022, ont tous joué un grand rôle dans son inclusion entre les murs de la polyvalente des Rivières.

« Mavrick, il fait partie des chanceux. S’il n’avait pas eu autant de gens autour de lui, il n’aurait jamais été intégré autant que ça aujourd’hui. Ce n’est pas le cas pour toutes les personnes autistes », assure Nancy Jean, reconnaissante de tout ce que les enseignants ont fait pour son garçon et continuent de faire même s’il n’est plus étudiant. 

Ressources régionales

Pour Nancy Jean, des ressources supplémentaires pourraient être ajoutées dans la région afin de mieux soutenir les familles dont un proche vit avec le trouble du spectre de l’autisme. Même si la situation a évolué en 30 ans, les autistes adultes n’avaient pas beaucoup d’options pour s’occuper il y a peu de temps. 

« Quand ils ne vont plus à l’école, ils doivent avoir accès à des activités pour les garder occupés et les intégrer à la société. Depuis que le Centre d’activités de la Haute Côte organise des activités, Mavrick est très bien pris en charge. C’est vraiment une belle ressource qu’on a ici », soutient-elle.

Tous les jours de la semaine, Mavrick a des activités à l’horaire. Parties de quilles, ateliers avec le Centre d’activités de la Haute Côte, volleyball, le golf durant l’été, sans oublier le hockey, le plus souvent possible. 

Pour ce qui est du répit, c’est une autre paire de manches. Les familles reçoivent un montant par année pour s’offrir des jours de répit, mais le plus difficile est de trouver une ressource pour l’obtenir.

« Dans mon cas, Mavrick va chez sa sœur », mentionne Mme Jean, précisant que la Maison Gilles-Carle de Longue-Rive est aussi une option pour ceux qui ont besoin de souffler quelques jours. 

Toutefois, une maison Véro & Louis serait un moyen efficace de combler les besoins sur la Côte-Nord, selon Nancy Jean, qui aimerait voir se concrétiser ce projet dans les prochaines années. 

La mission de la Fondation Véro & Louis est de créer des milieux de vie pour des personnes autistes de 21 ans et plus, présentant ou non une déficience intellectuelle. La première maison Véro & Louis a été inaugurée à Varennes en juin 2021.

Mavrick est conscient de sa chance. Il sait qu’il peut compter sur ses proches, son frère, sa sœur et ses amis, qui seront toujours là pour lui. « Est bonne ma vie », confie-t-il en entrevue, le sourire jusqu’aux oreilles. 

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