Saison des feux de forêt: les conditions font craindre le pire

Par Stéphane Blais, La Presse Canadienne 2:43 PM - 10 avril 2024
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La saison de 2023 des incendies de forêt avait ravagé plus de forêts et déplacé plus de personnes que toute autre saison jamais enregistrée au Canada. Photo prise à Yellowknife le 23 septembre 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Bill Braden

La saison des incendies de forêt s’annonce hâtive au Canada et certains indicateurs font craindre le pire pour les prochains mois.

La saison de 2023 avait ravagé plus de forêts et déplacé plus de personnes que toute autre saison jamais enregistrée au pays et selon les estimations du gouvernement fédéral, «nous risquons d’être confrontés à nouveau à une saison catastrophique» en matière de feux de forêt.

«Il y a plusieurs tendances inquiétantes. Nous nous attendons à des températures au-dessus des moyennes partout au pays», a indiqué le ministre fédéral de la Protection civile, Harjit Sajjan, lors d’une conférence de presse mercredi à laquelle participaient trois autres ministres fédéraux.

Jonathan Wilkinson, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, a ajouté que le gouvernement «se prépare au pire, mais espère le meilleur». 

Des températures supérieures aux normales saisonnières qui continuent d’être observées dans l’ensemble du pays, une faible couverture neigeuse et la sécheresse des sols sont parmi les indicateurs qui font en sorte que les autorités sont dans un état d’alerte élevée.

«El Niño et les changements climatiques auront un impact sur le printemps et l’été 2024», peut-on lire dans un document préparé par Sécurité publique Canada et transmis aux médias mercredi.

Actuellement, 70 feux de forêt sont recensés au pays, principalement dans l’Ouest. 

Prévisions à court terme

Lors d’une séance d’information technique mercredi matin, des représentants du gouvernement fédéral ont indiqué «qu’un risque d’incendie précoce et supérieur à la normale est possible dans l’ouest du Canada, l’est de l’Ontario et le sud du Québec» au mois d’avril.

Pour le mois de mai, «un risque d’incendie supérieur à la normale est possible dans les Prairies, dans l’est et le sud de la Colombie-Britannique, dans le nord de l’Ontario et dans l’ouest du Québec».

Toutefois, à long terme, il est plus difficile d’évaluer les risques en raison de la «grande incertitude des prévisions de précipitations».

«On pourrait avoir une autre saison d’incendie record cette année», a indiqué l’un des fonctionnaires du gouvernement.

Nouveaux investissements

Ottawa a annoncé mercredi que le crédit d’impôt fédéral pour pompier volontaire ou pour volontaire en recherche et sauvetage passera de 3000 $ à 6000 $.

La mesure «permettra aux volontaires des services d’incendies d’épargner jusqu’à 900 $ par année», selon le gouvernement.

Également, le gouvernement a annoncé un investissement de 166,2 millions $ sur cinq ans pour aider les Premières Nations à gérer les situations d’urgence et à s’y préparer.

Préparation 

Le ministre Sajjan a déclaré que le gouvernement avait «tiré des leçons de l’an dernier» et qu’il «faisait certaines choses différemment cette année». 

Le gouvernement fédéral a indiqué avoir amélioré l’état de préparation pour cette saison des incendies en aidant, par exemple, les services d’incendie à travers le pays «à se procurer de l’équipement spécialisé de lutte contre les incendies» grâce à un fonds doté de 256 millions $ de Ressources naturelles Canada et en formant 630 pompiers et 125 garde-feu.

«Il faut de plus en plus prendre conscience de la réalité scientifique des changements climatiques et investir dans des mesures d’atténuation et d’adaptation à l’évolution du climat. C’est pourquoi le gouvernement fédéral travaille d’arrache-pied pour former davantage de pompiers, fournir plus d’équipement de sauvetage et établir des partenariats avec les provinces et les territoires», a indiqué le ministre Jonathan Wilkinson.

«Nous devons accélérer nos efforts collectifs pour mettre un terme à la pollution par le carbone, laquelle aggrave cette crise mondiale», a fait valoir le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault.

Attaques contre Pierre Poilievre

Le chef conservateur Pierre Poilievre, qui s’oppose à la tarification sur le carbone, a été la cible de plusieurs attaques des ministres présents lors de cette conférence presse.

«C’est profondément décevant que des leaders conservateurs nient les changements climatiques», a lancé le ministre Sajjan.

«Il est très malheureux que le plan de M. Poilievre semble être de simplement laisser la planète brûler», a laissé entendre le ministre Wilkinson, en soulignant que le chef conservateur s’oppose à plusieurs mesures de lutte au changement climatique comme le plafond d’émissions de gaz à effet de serre de l’industrie pétrolière et gazière, le plan visant à planter deux milliards d’arbres d’ici 2030 ou encore la tarification sur le carbone.